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Gallimard
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"- Depuis quelque temps, des pièces de fausse monnaie circulent. J'en suis averti. Je n'ai pas encore réussi à découvrir leur provenance. Mais je sais que le jeune Georges - tout naïvement je veux le croire - est un de ceux qui s'en servent et les mettent en circulation. Ils sont quelques-uns, de l'âge de votre neveu, qui se prêtent à ce honteux trafic. Je ne mets pas en doute qu'on abuse de leur innocence et que ces enfants sans discernement ne jouent le rôle de dupes entre les mains de quelques coupables aînés."
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Les nourritures terrestres ; les nouvelles nourritures
André Gide
- Gallimard
- Folio
- 6 Juillet 2012
- 9782072442339
"Nathanaël, je t'enseignerai la ferveur. Une existence pathétique, Nathanaël, plutôt que la tranquillité. Je ne souhaite pas d'autre repos que celui du sommeil de la mort. J'ai peur que tout désir, toute énergie que je n'aurais pas satisfaits durant ma vie, pour leur survie ne me tourmentent. J'espère, après avoir exprimé sur cette terre tout ce qui attendait en moi, satisfait, mourir complètement désespéré."
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Enregistrement historique de 1956 de Jean Topart.
"C'est en 1919 que paraît La Symphonie pastorale. André Gide, en ce début du XXe siècle, est l'une des figures les plus importantes de la littérature.
Malgré une enfance protestante et rigide, ainsi qu'une vie personnelle difficile, il est de ces écrivains révolutionnaires et géniaux qui bouleversent une époque par la force de leur seul Verbe. Au fil du journal d'un pasteur du Jura qui se découvre des sentiments troubles pour sa fille adoptive, Gide nous livre une féroce et acerbe critique de tout un monde, fondé selon lui sur l'hypocrisie, le mensonge et le mysticisme.
Dans cette comédie dramatique, il fait naître sous sa plume des personnages fascinants, tant par leur simplicité et leur naturel que pour tout ce qu'ils évoquent en nous. André Gide sait tout des faiblesses des hommes et il nous en livre sa vision.
Jean Topart, a débuté sa carrière dès 1948, puis a participé à l'aventure du Théâtre National Populaire avec Jean Vilar. Pour cet enregistrement radiophonique de 1956, il prête sa voix au pasteur, dont le Journal lucide et déchiré emplit la Symphonie pastorale. Son inimitable phrasé transcende la prose de Gide en une oeuvre poignante. Sa voix grave colle au texte pour offrir une autre forme de perception du récit. Elle place l'auditeur au coeur même du drame qui se noue et fait de lui un témoin troublé et fasciné."
Guillaume Leclère et Claude Colombini Frémeaux -
"- Eh bien ! voilà, commença Valentine après qu'Arnica se fut assise : Le pape...
- Non ! Ne me dites pas ! fit aussitôt Mme Fleurissoire, étendant la main devant elle ; puis, poussant un faible cri, elle retomba en arrière, les yeux clos.
- Ma pauvre amie ! ma pauvre chère amie, disait la comtesse...
Enfin Arnica ouvrit un oeil et murmura tristement :
- Il est mort ?
Alors Valentine, se penchant vers elle, lui glissa dans l'oreille :
- Emprisonné." -
Rares sont les écrivains qui, parallèlement au roman qu'ils écrivent, tiennent un journal de leur travail et le publient de leur vivant. C'est le cas d'André Gide avec son célèbre roman de l'adolescence perverse, Les faux-monnayeurs.
Le Journal des faux-monnayeurs est le long dialogue de Gide avec ses personnages au fur et à mesure de leur création. C'est ainsi qu'il se familiarise avec l'atmosphère trouble dans laquelle évoluent ses héros : Édouard qui tient son journal, Olivier Molinier, Bernard Profitendieu... Tout au long, Gide apprend à vivre avec eux et il dépasse parfois le cadre du roman proprement dit. Ce Journal, qui est aussi son "cahier d'études", permet de mieux sentir le mécanisme créateur, l'intelligence critique, l'ironie du grand romancier. -
"Le motif secret de nos actes, et j'entends : des plus décisifs, nous échappe ; et non seulement dans le souvenir que nous en gardons, mais bien au moment même. Sur le seuil de ce que l'on appelle : péché, hésitais-je encore ? Non ; j'eusse été trop déçu si l'aventure eût dû se terminer par le triomphe de ma vertu - que déjà j'avais prise en dédain, en horreur. Non ; c'est bien la curiosité qui me faisait attendre..."
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Paludes, ou la semaine au jour le jour d'un littérateur en mal de voyage. Dans le microcosme étrangement fidèle que nous restitue le récit d'André Gide, domine la figure de Tityre, berger de tous les temps, habitant des marécages où fourmille une vie insolite. Mais quel est au juste ce Tityre, qui se nourrit de vers de vase, faute de pêches plus consistantes ? Richard, peut-être, l'orphelin besogneux par nécessité et pauvre par vertu, dévoué jusqu'à épouser une femme "par dignité, sans amour". Ou, plus simplement, le narrateur - cet amoureux - fou du changement qui, le coeur en fête, part en voyage avec Angèle mais ne va pas plus loin que Montmorency. Puisque, quelle que soit la direction choisie, l'individu revient toujours sur soi-même.
"Recommencer ma vie ? s'interrogeait Gide dans son Journal. Je tâcherais tout de même d'y mettre un peu plus d'aventure."
Sous le couvert d'un dilettantisme savant, d'une fantaisie contrôlée avec art, voici le journal d'un homme qui dirigeait ses journées avec une enchantement mesuré et le sens aigu de la cadence. Faussement négligent, le ton ne manque en effet ni d'harmonie ni d'humour. Au besoin, l'auteur se livre à une satire décapante des gens de lettres, du philosophe au bel esprit. -
André Gide a passé près de un an (de juillet 1926 à mai 1927) dans les possessions françaises de l'Afrique équatoriale.
La description des conditions de vie des Noirs le long du Congo et au Tchad forme un véritable réquisitoire contre l'administration coloniale et a fait sensation.
Grâce à ces remarques sociologiques et ethnologiques, nous sommes, au-delà de l'aspect purement politique, en présence d'un des grands livres de voyage de notre littérature. -
Retour de l'U.R.S.S. ; retouches à mon "retour de l'U.R.S.S."
André Gide
- Gallimard
- Folio
- 24 Juillet 2012
- 9782072408922
"Ah ! Que n'étais-je venu simplement en touriste ! ou en naturaliste ravi de découvrir là-bas quantité de plantes nouvelles, de reconnaître sur les hauts plateaux la scabieuse du Caucase de mon jardin... Mais ce n'est point là ce que je suis venu chercher en U.R.S.S. Ce qui m'y importe c'est l'homme, les hommes, et ce qu'on en peut faire, et ce qu'on en a fait. La forêt qui m'y attire, affreusement touffue et où je me perds, c'est celle des questions sociales. En U.R.S.S. elles vous sollicitent, et vous pressent, et vous oppressent de toutes parts."
Lors de son voyage en U.R.S.S., André Gide découvre, derrière le faux enthousiasme collectif, une entreprise constante de désindividualisation. Retour de l'U.R.S.S., publié en 1936, puis l'année suivante les Retouches firent sensation. Les deux livres restent un témoignage capital. -
"Le Journal d'André Gide peut être considéré comme la pièce maîtresse de l'écrivain. Texte original, transgressif à plus d'un titre par rapport à la morale courante - les tabous de la sexualité, les idées reçues, les lieux communs, les idéologies, la religion - à la fois sérieux et drôle, grave et léger, rapide et lent - il reste d'une ampleur et d'une amplitude insoupçonnées. Cette anthologie, qui se réclame de l'art de la réduction cher aux compositeurs, a pour but de rendre l'une et l'autre, quintessenciées."
Peter Schnyder. -
André Gide a écrit, au cours de sa vie, des milliers de lettres adressées à plus de deux mille correspondants. Peu avant sa mort, il a déclaré : 'Je faisais métier de mon amitié. C'est un métier fatigant qui requiert des soins assidus. Je m'y usais. J'écrivais peu à chacun, mais j'écrivais à beaucoup.' Par ses lettres, Gide rassemble autour de lui la diversité de l'humaine condition, dont il s'efforce de tirer le meilleur. De Pierre Louÿs à Camus, en passant par Aragon, Breton, Giono, Léon Blum, Rilke, Colette, Proust ou Cocteau, cette correspondance est le reflet idéal de plus de soixante ans d'histoire littéraire.
Prix Nobel de Littérature -
Corydon, dont l'édition originale date de 1911, se présente d'abord comme un essai de clarification "franc sans paraître cynique et naturel avec simplicité" sur le sujet de l'uranisme.
S'appuyant sur Montaigne et Pascal, prenant comme prétexte le livre de Léon Blum, Du mariage, Gide souligne le rôle civilisateur de la pédérastie : "La décadence d'Athènes commença lorsque les Grecs cessèrent de fréquenter les gymnases." Néanmoins, il se défend de prononcer son apologie : se laisse tenter qui le veut bien.
Aussi, dans ces pages qui ne visent pas à l'audace mais à l'honnête examen d'un état de fait qui dure depuis la plus haute antiquité, André Gide aura-t-il combattu pour que l'homosexualité ne fasse pas de l'homme un "contrebandier" de la cité, réprouvé aux yeux du monde comme un rebut de la morale. Et par-dessus tout, transperce une joie de vivre et d'assumer son individualité telle qu'elle est. À l'image de ces quatre dialogues avec Corydon, le médecin des âmes, Gide aura enfin démontré la prééminence des rapports sans équivoque entre les êtres. -
"Il m'est doux de penser qu'après moi, grâce à moi, les hommes se reconnaîtront plus heureux, meilleurs et plus libres."
Ce Thésée, vieux et sage, calme enfin devant son destin, n'est-ce pas un peu André Gide, arrivé à l'heure du bilan ? Thésée a été audacieux, aventureux pour le bien des hommes. Il a échappé aux pièges du Labyrinthe. Il a fondé Athènes, capitale de l'esprit. Et surtout, il est toujours demeuré clairvoyant. -
Le 22 mai 1901, le procureur général de Poitiers apprend par une lettre anonyme que Mlle Mélanie Bastian, cinquante-deux ans, est enfermée depuis vingt-cinq ans chez sa mère, veuve de l'ancien doyen de la faculté des lettres, dans une chambre sordide, parmi les ordures. Comment cette affaire, où la culpabilité de Mme Bastian et de son fils semble évidente, put-elle aboutir à l'acquittement des inculpés ?
André Gide démonte magistralement le dossier de cette affaire devenue légendaire. Et il conclut : "Ne jugez pas." -
"J'ai passé avec Chopin plus d'heures que je n'en ai passé avec aucun auteur", confiait André Gide à une jeune pianiste en janvier 1951. Pianiste lui-même, et fin musicologue, l'écrivain avait à coeur de restituer Chopin à ses contemporains, tant il sentait que l'interprétation qu'en donnaient certains virtuoses de son temps en voilait les accents singuliers et contrevenait à son chant le plus intime. Il fallait revenir aux oeuvres, à leurs "intentions". C'est comme critique qu'il choisit de faire part de sa "lecture" de Chopin, en proposant un fructueux rapprochement entre le compositeur des Scherzos et le poète des Fleurs du Mal. Gide se souvenait de ses années de jeunesse, où Baudelaire et Chopin étaient tenus l'un et l'autre pour infréquentables, et leurs oeuvres pour également "malsaines". Mais qu'avaient-elles vraiment en commun qui pût laisser craindre un tel ravissement des esprits ? N'était-ce pas à leur égale perfection que l'on devait ce "secret d'émerveillement auquel l'âme aventureuse s'expose sur des chemins non tracés d'avance" ? Il s'agissait dès lors que les interprètes ne vinssent pas gâter, par trop d'assurance, la "révélation" Chopin, cette pure disponibilité à l'inouï que recèle l'écriture.
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"Alors il se passa quelque chose d'extraordinaire : je le vis brusquement prendre sa tête dans ses mains et éclater en sanglots. Il ne pouvait plus être question de feinte ; c'étaient de vrais sanglots qui lui secouaient tout le corps, de vraies larmes que je voyais mouiller ses doigts et couler sur ses joues, tandis qu'il répétait vingt fois d'une voix démente :
- Ma femme ne m'aime plus ! Ma femme ne m'aime plus !" -
Les cahiers et les poésies d'André Walter
André Gide
- Gallimard
- Poésie/Gallimard
- 1 Mai 2017
- 9782072739491
"De toute évidence, c'est Paludes et Les Nourritures terrestres qui inaugurent pour Gide une oeuvre dont tout lecteur d'aujourd'hui perçoit l'unité. On n'en finirait pourtant pas de repérer, présents dans Les Cahiers d'André Walter, les thèmes qui ne cesseront de reparaître dans tous ses livres, jusqu'au "testamentaire" Thésée... Les lecteurs familiers de ses oeuvres majeures trouveront sans doute un charme particulier à ces Cahiers qui, dans une forme encore "archaïque" et ingénue - une langue dont les excès, les gaucheries, les complaisances d'époque, dévoilent de façon émouvante la naissance fraîche et fragile de l'écrivain -, livrent déjà presque entier le réseau obsédant des thèmes de la maturité [...]. Le romantisme fin-de-siècle des Cahiers d'André Walter n'est certes pas encore dompté, mais leur auteur n'aura rien à renier de leur luxuriance lorsqu'il conquerra, bientôt, son classicisme à lui.
Claude Martin. -
Voyage imaginaire, quête improbable... Urien et ses compagnons errent de la mer des Sargasses à la mer glaciale. "Ils ignorent leur destinée et ne gouvernent pas leur navire, mais un dé
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"Mon amour, voici ma dernière lettre... Vite ces quelques mots encore, car je sais que ce soir je ne pourrai plus rien te dire ; mes lèvres, près de toi, ne sauront plus trouver que des baisers. Vite, pendant que je puis parler encore, écoute : Onze heures c'est trop tôt ; mieux vaut minuit. Tu sais que je meurs d'impatience et que je m'exténue, mais pour que je m'éveille à toi il faut que toute la maison dorme. Oui, minuit ; pas avant. Viens à ma rencontre juqu'à la porte de la cuisine..."
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Le 28 juillet 1907, André Gide, qui séjournait dans la propriété de son ami Eugène Rouart à Bagnols-de-Grenade, non loin de Toulouse, fait la rencontre d'un jeune homme, Ferdinand, fils d'un valet de ferme. Avec celui qu'il surnommera le 'Ramier', en raison d'une sorte de roucoulement qu'il produisait en faisant l'amour, l'écrivain presque quadragénaire va vivre une nuit d'extase dont il sortira 'plus jeune de dix ans'. À chaud, il écrira le récit lyrique et minutieux de cet épisode, et le fera lire à quelques proches, dont Jacques Copeau. Plusieurs fois, Gide reviendra à Bagnols, et se préoccupera du sort du jeune Ferdinand, qui mourra en 1910. Mais son Ramier, il ne le publiera jamais. On ignore pourquoi, mais on peut supposer par prudence.
Près d'un siècle après qu'il a été écrit, voici donc, retrouvé récemment par Catherine Gide dans les dossiers de son père, ce Ramier totalement inédit que les lecteurs de l'écrivain découvriront avec bonheur : rarement Gide se sera montré aussi libre, aussi spontané, aussi jeune - éternellement.
Une étude sur Le Ramier, enrichie d'extraits inédits de la correspondance Gide-Rouart, complète ce volume. -
"Non ! Je ne puis affirmer qu'avec la fin de ce cahier, tout sera clos ; que c'en sera fait. Peut-être aurai-je le désir de rajouter encore quelque chose. De rajouter je ne sais quoi. De rajouter. Peut-être. Au dernier instant, de rajouter encore quelque chose... J'ai sommeil, il est vrai ; mais je n'ai pas envie de dormir. Il me semble que je pourrais être encore plus fatigué. Il est je ne sais quelle heure de la nuit ou du matin. Ai-je encore quelque chose à dire ? Encore à dire je ne sais quoi. Ma propre position dans le ciel, par rapport au soleil, ne doit pas me faire trouver l'aurore moins belle."
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Écrit en 1897-1898 à la suite des Nourritures terrestres - "en matière d'antidote ou de contrepoids" -, Saül est le premier texte important composé pour la scène par André Gide. Si le texte fut publié en 1903 au Mercure de France, la pièce ne fut créée qu'en juin 1922 par Jacques Copeau, au Vieux-Colombier. Gide attendait ce moment avec fébrilité. La lecture assez libre qu'il y donne de l'épisode biblique de la succession de Saül, mettant en scène son fils Jonathan et le jeune David, provoquerait un scandale sans égal, dans le prolongement duquel il envisageait de publier la première édition "commerciale" de Corydon (NRF, 1924), son essai sur l'homosexualité. Ces deux textes, d'époque distincte, portaient, sur des registres singuliers, l'une des clés morales de son oeuvre, ce dialogue rare entre abandon de soi et intégrité personnelle, rigueur morale et libres moeurs.
Aussi Gide vécut-il comme un échec personnel l'incompréhension du thème central de la pièce, son manque d'impact réel sur le public et le détournement de sens qui put résulter de la mise en scène lors de sa création. Mais l'expérience, toute manquée qu'elle pût être, fut inaugurale (même si, de fait, celle du Roi Candaule l'avait précédée) ; elle faisait dire à Gide en 1929 : "Si Saül avait réussi, qui sait ! je ne me serais peut-être plus occupé que de théâtre." Voilà qui engage à redécouvrir un drame puissant, profondément ancré dans l'ensemble de l'oeuvre gidienne. -
Correspondance ; 1899-1950
André Gide, Maria Van rysselberghe
- Gallimard
- Les Cahiers de la NRF
- 1 Avril 2016
- 9782072668722
Entre 1899 et 1950, "Bypeed" et la "Petite Dame" - c'est-à-dire André Gide et Maria Van Rysselberghe - échangent plus de huit cents lettres : exemple rare d'un demi-siècle d'une amitié profonde et constante à travers tous les bouleversements. Ceux de l'Histoire : deux guerres mondiales (expérience du Foyer franco-belge pendant la Première, exil pendant la Seconde), la montée du nazisme et du communisme (voyage de Gide en URSS), la question coloniale (ses voyages en Afrique), mais aussi l'évolution morale et sociale. Ceux de l'intimité : la relation entre Maria et Aline Mayrisch, celle entre Gide et Marc Allégret, et bien sûr celle de l'écrivain avec la fille de Maria, Élisabeth Van Rysselberghe, qui lui donnera un enfant : Catherine.
Dans ces lettres où la littérature est le ferment de l'amitié, André Gide se montre à la fois joueur et sincère, parfois audacieux dans le style et la narration. À l'ombre de son grand homme, dont elle est souvent la première lectrice et critique, la Petite Dame fait preuve d'admirables dons de description et de psychologie. Sa personnalité enthousiaste dresse un tableau vivant du Gide écrivain et du Gide intime, de leur petit groupe d'amis (Henri Ghéon, les Schlumberger, les Copeau, les Verhaeren, Marc Allégret, Martin du Gard, etc.) comme des affaires familiales ou domestiques.
Cette correspondance, parmi les plus importantes d'André Gide, vient précieusement compléter d'un côté les Cahiers de la Petite Dame (qui commencent en 1918) et de l'autre son Journal, publiés chez Gallimard. Éditée et annotée par Peter Schnyder et Juliette Solvès, elle nous permet d'aborder, dans un univers lettré et cultivé, la "fabrique" de l'écrivain. -
L'enfant prodigue qui, aujourd'hui, rentre chez son père n'est pas celui qu'on croit, l'humble, le repenti. C'est un vaincu. La misère le ramène à sa famille, de même que jadis le mirage de l'aventure l'avait poussé sur les routes. Il tombe ainsi dans un piège. Quand il s'en aperçoit, il est trop tard. On ne quitte pas les siens deux fois. Mais il aidera son jeune frère à partir de la maison.