De 1974 à 1975, Paule du Bouchet a vécu dans l'Altiplano péruvien chez des Indiens quechua qui, avant elle, n'avaient jamais vu d'Occidentaux. Quand elle rentre en Europe, un silence définitif vient sceller ce moment d'une densité hors du commun.
Quarante-cinq ans après, quelques mots sur une feuille volante échappée d'un livre donnent lieu à des retrouvailles inespérées avec son filleul péruvien. En octobre 2019, Paule du Bouchet retourne dans cette même communauté indienne, à quatre mille cinq cents mètres d'altitude. Rien n'a changé et tout a changé.
Dessin à main levée de la mémoire perdue et retrouvée, ce dernier voyage nous saisit dans l'évidence d'un passé à couper le souffle.
En 1998, du fond de l'oubli, une voix au téléphone informe Paule du Bouchet de la mort de Miette, son amie d'enfance. Miette fut la compagne des petits riens comme des heures intenses ; une jeune fille ardente, en mouvement, à la joie contagieuse mais à la mélancolie abyssale. Cette ' amie-soeur ' avait un secret qu'elle taisait.
Par traits successifs et avec une puissance narrative étonnante, Paule du Bouchet offre un portrait singulier de Miette, et, en creux, d'elle-même. Avec son souci de questionner le travail du souvenir et sa construction, l'autrice défie l'absence et le deuil. Comme une histoire chuchotée dans le noir de la chambre, là où la frontière entre réalité et invention s'efface.
Ni essai ni biographie, Debout sur le ciel trace par images successives, toutes liées intimement à son travail d'écrivain, la figure d'un père, André du Bouchet, poète majeur de la génération des années 50-60.
Cest le monde élémentaire de la nature et des outils, de l'eau et de la pierre, des couleurs et des mots simples, sensibles au vent et à la lumière. Mais c'est aussi la présence de la musique, celle de Bach, Haydn ou Beethoven. Tout se tient ici ensemble, le mot, la musique, la couleur, sans cesse ramenés au plus simple, au plus immédiat.
Ce portrait du père est aussi un autoportrait : Debout sur le ciel n'est pas un livre "sur" André du Bouchet, mais plutôt une promenade avec lui.
Tina Jolas, esprit libre et rêveur, fut la compagne de René Char pendant plus de trente ans. Happée par un amour exigeant et absolu, elle fut pour sa fille une figure de grâce et de disparition. Avec une douceur infinie, Paule du Bouchet retrace ici un parcours de vie: des lieux, des instants, des événements formant cartographie de cette haute figure. La puissance de son écriture rend sensibles à la fois son désespoir d'enfant, la splendeur de cette mère « emportée » dans un ailleurs et l'amour indéfectible qui les lie. Avec délicatesse, Isabelle Carré redonne une voix à cette lignée de femmes, par la lecture d'« Emportée » suivie de la fougueuse correspondance de Tina Jolas et de sa plus fidèle et tendre amie, Carmen Meyer. Faustine de Monès, fille de Paule du Bouchet, petite-fille de Tina Jolas, prolonge par sa voix lyrique cette oeuvre de filiation en hommage à sa grand-mère.
« Ma mère possédait en propre une aptitude au secret, singulièrement raffinée, laquelle se rapprochait chez elle de l'acception la plus accomplie du mot, le sens du mystère. Dans le même temps, elle restait une grande et droite nature. Alchimie rare entre toutes, haut lieu de son intimité, c'était là sa part infiniment poétique. Celle qui l'a fait aimer des poètes. » P.d.B.