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Collection XIX
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Ils étaient cinq, aux carrures terribles, accoudés. à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer. Le gîte, trop bas pour leurs tailles, s'effilait par un bout, comme l'intérieur d'une grande mouette vidée ; il oscillait faiblement, en rendant une plainte monotone, avec une lenteur de sommeil.
Dehors, ce devait être la mer et la nuit, mais on n'en savait trop rien : une seule ouverture coupée dans le plafond était fermée par un couvercle en bois, et c'était une vieille lampe suspendue qui les éclairait en vacillant.
Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle. -
Oasis de Moïse, 22 février 1894.« Cet écrit émane de l'humble, devant la miséricorde de son Dieu très haut, le séïd Omar, fils d'Edriss, en faveur de son ami Pierre Loti. pour le recommander aux chefs de toutes les tribus d'Arabie, à l'effet d'avoir pour lui des égards et de l'aider pendant son voyage au pays des Arabes, car il vénère l'islamisme et il est animé des meilleurs sentiments pour notre religion.Et je serai satisfait de tous ceux qui l'auront respecté et assisté, ainsi qu'il le mérite.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
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16 mai 1876.
...Une belle journée de mai, un beau soleil, un ciel pur... Quand les canots étrangers arrivèrent, les bourreaux, sur les quais, mettaient la dernière main à leur oeuvre : six pendus exécutaient en présence de la foule l'horrible contorsion finale... Les fenêtres, les toits étaient encombrés de spectateurs ; sur un balcon voisin, les autorités turques souriaient à ce spectacle familier.
Le gouvernement du sultan avait fait peu de frais pour l'appareil du supplice ; les potences étaient si basses que les pieds nus des condamnés touchaient la terre. -
Un enfant habillé en ange, - c'est-à-dire demi-nu, avec une fine petite chemise et, aux épaules, les deux ailes d'un pigeon blanc... C'était au beau soleil d'un mois de juin méridional, dans l'extrême Provence confinant à l'Italie. Il marchait, à une procession de Fête-Dieu, en compagnie de trois autres en costume pareil.
Les trois autres anges étaient blonds et cheminaient les yeux baissés, comme prenant au sérieux tout cela. Lui, le petit Jean, très brun au contraire et tout bouclé, le plus joli de tous et le plus fort, dévisageait comiquement ceux qui s'agenouillaient sur sa route, pas recueilli du tout et possédé d'une visible envie de s'amuser.
Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle. -
Midi, dans la mer Rouge. De la lumière, de la lumière. tant de lumière que l'on admire et l'on s'étonne, comme si, au sortir d'une espèce de demi-nuit, les yeux s'ouvraient davantage, voyaient plus clair, toujours plus clair. Et très vite le changement s'est fait, avec ces navires d'aujourd'hui, que le vent n'influence plus, qui vous prennent à l'automne du Nord pour vous amener sans transition au perpétuel été d'ici.Sur les eaux plus bleues, dansent des franges d'argent qui brillent.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
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Samedi, 8 décembre 1900.L'horreur d'une nuit d'hiver, par coup de vent et tourmente de neige, au large, sans abri, sur la mer échevelée, en plein remuement noir. Une bataille, une révolte des eaux lourdes et froides contre le grand souffle mondial qui les fouaille en hurlant ; une déroute de montagnes liquides, soulevées, chassées et battues, qui fuient en pleine obscurité, s'entrechoquent, écument de rage. Une aveugle furie des choses, - comme, avant les créations d'êtres, dans les ténèbres originelles ; - un chaos, qui se démène en une sorte d'ébullition glacée.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
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Septembre 183...Minuit, après urne fraîche soirée de fin septembre où déjà un peu d'automne s'annonce. Du silence partout. Dans ma maison familiale paisiblement endormie, je reste seul éveillé, l'esprit en grand trouble d'anxiété et d'attente. Depuis tantôt deux heures, je me suis retiré chez moi, disant que j'allais sagement me coucher, en prévision de mon départ matinal de demain. Mais le sommeil ne vient pas. Enfermé dans mon logis particulier, errant sans but d'une pièce dans une autre, je reste indéfiniment songeur, comme à la veille de mes grands départs de marin pour des campagnes longues et lointaines, et, en dedans de moi-même, je passe une lente revue sinistre de temps accomplis, de choses à jamais finies, de visages morts.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
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Novembre 1887.Au courant de ma vie errante, il m'est arrivé une fois de m'arrêter dans un château enchanté, chez une fée.Le son lointain du cor dans les bois a le pouvoir de faire revivre pour moi les moindres souvenirs de ce séjour.C'est que le château de la fée était situé au milieu d'une forêt profonde dans laquelle on entendait constamment des trompettes militaires au timbre grave se répondre comme de très loin. Ces sonneries étrangères, inconnues, avaient une mélancolie à part, semblaient des appels magiques, dans l'air sonore qu'on respirait là, - l'air silencieux, vif et pur des cimes.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
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Ce treizième été de ma vie, où s'arrête le livre de mon enfance, me réapparaît, dans le lointain de ma mémoire, comme l'un des plus lumineux de nos beaux étés de France, un de ces étés comme nous en avions autrefois et qui ne se retrouvent plus de nos jours. Septembre finissait dans une splendeur qui semblait inaltérable et l'abondance des fruits dorés devenait telle qu'on ne savait qu'en faire. Au fond du jardin de l'oncle du Midi, chez qui je passais mes vacances, dans ce berceau de treilles muscat où j'avais décidé de ma destinée, les grands papillons à reflet de métal bleu, qui n'avaient plus guère qu'un mois à vivre, s'attardaient posés sur les pampres roussis, pour se pâmer de chaleur et de soleil avant de mourir.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
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Le capitaine de vaisseau de réserve J. Viaud,
à monsieur le Ministre de la Marine à Paris. Rochefort, 18 août 1914. « Monsieur le Ministre,Quand j'ai été rappelé à l'activité pour la guerre, j'avais l'espoir de faire quelque chose de plus que le petit service qui m'a été donné dans notre arsenal.Je ne récrimine point, veuillez le croire, sachant très bien que la marine n'aura pas le premier rôle et que tous mes camarades du même grade, à peu près inutilisés eux aussi, hélas !Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle. -
Février 1917.Dans ces dessins d'enfantine cosmographie qui, au temps des premiers Pharaons, se faisaient à Memphis, Je ciel était figuré par une voûte sphérique à laquelle des fils suspendaient les étoiles, et, sous les différents pays de la terre, naïvement tracés en couleurs, une partie ombrée en noir, qui descendait jusqu'au bas de la feuille de papyrus, s'appelait : base du monde. Au fond de leurs esprits dégagés plus fraîchement que les nôtres de la matière originelle, ne se demandaient-ils pas déjà, ces hommes aux intuitions merveilleuses, ne se demandaient-ils pas ce qu'il pouvait bien y avoir plus haut, plus haut, au-dessus de la voûte bleue où les étoiles s'accrochaient ?Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.