Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Lautréamont. Sorte d'épopée en prose composée de six Chants, "Les Chants de Maldoror" est un livre magique et torturé, archétype même de l'oeuvre de génie, et sans doute oeuvre la plus déconcertante de la littérature française. Aujourd'hui encore, on ignore presque tout des intentions de Lautréamont (pseudonyme d'Isidore Ducasse), comme on ignore sa vie intime, son caractère et même son physique. L'idée fondamentale du livre est celle d'une rébellion de l'homme contre Dieu. Tirant son inspiration de Edward Young (pour la grandiloquence funèbre), de Lord Byron (pour le satanisme) et de Dante (pour la couleur de certaines visions), Lautréamont y célèbre la haute malfaisance du grand Créateur, cet "Étemel à face de vipère", en se fondant sur tous les crimes dont sa création est le théâtre depuis l'origine des temps. Faisant de Dieu l'objet de son exécration, l'auteur s'installe dans l'absurde pour mieux blasphémer son nom et, dans une sorte de course à l'abîme tout au long du récit, ne relâche jamais rien de sa fureur blasphématoire.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Henry James. "Le pauvre jeune homme hésitait et temporisait. Il lui était bien difficile d'aborder la question rétribution, de parler argent à une personne qui ne parlait que sentiment et semblait ne s'intéresser qu'aux choses du grand monde."
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Simone Weil. À Londres en 1943, alors qu'elle travaille au Commissariat à l'Intérieur de la France libre, Simone Weil rédige sur commande du général de Gaulle, un "Prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain", essai qui prendra le titre d'"Enracinement" lors de sa publication à titre posthume par Albert Camus en 1950. Composé en trois parties: "Les besoins de l'âme", "Le Déracinement" et "L'Enracinement", Simone Weil y poursuit le travail commencé dans ses "Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale", mais traite ici plus spécifiquement des devoirs envers l'être humain et non plus envers le groupe social des travailleurs opprimés. L'homme, affirme-elle, s'est "déraciné" des lois de la nature par sa conquête de la terre et par sa soumission à l'idée de progrès. Il lui faut maintenant poser des devoirs envers lui-même. Sur un autre plan de pensée, plus politique et concernant le déracinement du peuple français, son principal souci demeure le maintien de la souveraineté nationale au sein de l'Etat. Mais pour elle, la nation doit être un ensemble liant forces naturelles et forces spirituelles, entre autres par le travail. En réinscrivant l'homme dans une réalité non séparée de la volonté de Dieu, le travail signifie un consentement au monde et rend sa responsabilité à l'homme. Plus qu'un levier dans la vie sociale, il en devient le centre spirituel.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Henri Bergson. Dans cet essai, Bergson propose de comprendre mais aussi de pratiquer la métaphysique. Le philosophe y définit l'intuition comme une sympathie intellectuelle par laquelle il est possible de s'introduire à l'intérieur d'un objet, afin de coïncider avec ce que celui-ci a d'unique et d'inexprimable. Il expose comment seule l'intuition, donnée immédiate de la réalité, permet de réaliser une métaphysique car elle est seule capable de saisir l'absolu et la réalité en soi par-delà toute connaissance conceptuelle symbolique et relative. La durée, notion indissoluble de la vie de la conscience dans laquelle se fondent le présent et le passé, est par exemple un objet uniquement préhensible par l'intuition métaphysique. Cette critique de l'intellectualisme par l'auteur du "Rire" condamne aussi bien l'empirisme et le rationalisme que les théories psychologiques. Pour acquérir l'intuition métaphysique, et donc s'approcher de l'absolu, il est indispensable selon lui d'inverser le sens de la pensée.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Emmanuel Bove. "Henri Duchemin et ses ombres" est un recueil composé de sept nouvelles dont l'unité de ton est toute entière suggérée par le titre. Présenté dès la première nouvelle, "Le Crime d'une nuit", Henri Duchemin est entouré d'une cohorte d'autres personnages - ses ombres - aussi pathétiques que lui, tous masculins et tous enfermés dans d'implacables mécanismes qu'ils mettent eux-même en oeuvre. Tout en excluant le langage de la description ou du misérabilisme, Emmanuel Bove s'attache ici, avec la précision d'un entomologiste, à donner sur leur cas d'infimes détails dont la drôlerie fait un instant oublier le désespoir de leurs situations: pauvreté physique, inanité morale, honte, jalousie, incapacité chronique à vivre, profondes blessures sentimentales, angoisse du lendemain, de la solitude ou du regard de l'autre... Leurs comportements illogiques pour s'en sortir, à la limite du pathologique, et les explications rationnelles qu'Henri Duchemin et ses ombres tentent de trouver pour se rassurer et continuer leur vie malgré tout, prennent souvent directement à partie le lecteur lui-même.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Pierre Louÿs. Le jeune Français André Stévenol croise une très belle andalouse au carnaval de Séville, Conchita Pérez. Il parvient à obtenir un rendez-vous, mais son ami don Matéo Diaz lui déconseille très vivement de s'y rendre. Pour éclairer le jeune homme plein d'illusions, il se décide à lui raconter sa propre histoire. Lui-même est tombé amoureux de Conchita mais s'est heurté à l'inébranlable résistance de la jeune femme qui, tout en disant l'aimer, lui refuse ses faveurs. En jouant un jeu savant où alternent tendresse et refus, elle l'a emprisonné dans les filets d'un esclavage passionné et désespéré, une sorte de psychose obsessionnelle qui détruit sa vie. Ayant obtenu en cadeau une maison et une dot, elle l'invite à passer une nuit chez elle mais l'arrête bientôt en lui déclarant cruellement qu'elle n'éprouve pour lui que de la haine, puis se donne devant lui à un autre homme. Elle continue ainsi à torturer Matéo qui ne parvient pas à la quitter. Stévenol part le lendemain avec Conchita. Pierre Louÿs développe ici à la perfection un drame passionnel dans l'incohérence de la vie elle-même où le coeur humain semble entraîné dans un pitoyable jeu de marionnettes. "La Femme et le Pantin" offre un des plus beaux exemples de la littérature amoureuse fin de siècle. Le roman a magnifiquement été adapté sur grand écran par Luis Bunuel sous le titre: "Cet obscur objet du désir".
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Maurice Sachs. En 1939, Maurice Sachs publie à la "Nouvelle Revue Critique" (NRC) un livre de souvenirs plus ou moins fictifs, "Au temps du Boeuf sur le toit", sous-titré "Journal d'un jeune bourgeois à l'époque de la prospérité". Il y relate la vie parisienne effervescente des années 1919 à 1929 et dresse les portraits des artistes et intellectuels qui fréquentaient alors le "Boeuf sur le toit", célèbre cabaret des années folles: Jean Cocteau, André Breton, André Gide, Francis Picabia, Max Jacob, Pablo Picasso, Tristan Bernard, Louis Aragon, Igor Stravinsky, Erik Satie, Ernest Hemingway, Django Reinhardt, etc.
Texte intégral révisé suivi des biographies d'André Gide et d'Oscar Wilde. "In Memoriam (souvenirs)" et "Le De Profundis" sont deux textes écrits par André Gide pour rendre hommage à son ami Oscar Wilde peu après sa mort. Consacrées en partie à sa relation quelque peu ambiguë, à la fois admirative et critique, avec l'auteur du "Portrait de Dorian Gray", ces pages évoquent leurs rencontres - notamment en Algérie où Wilde lui fit découvrir l'hédonisme et l'homosexualité, et à Berneval, près de Dieppe, où le proscrit vivait incognito après sa sortie de prison pour "immoralité" - et tracent un portrait plein "d'affection, d'admiration et de respectueuse pitié". «Ceux qui n'ont connu Wilde que dans les derniers temps de sa vie, imaginent mal, d'après l'être affaibli, défait, que nous avait rendu la prison, l'être prodigieux qu'il fut d'abord. C'est en 1891 que je le rencontrai pour la première fois. Son geste, son regard triomphaient. Son succès était si certain qu'il semblait qu'il précédât Wilde et que lui n'eût plus qu'à avancer. Ses livres étonnaient, charmaient. Ses pièces allaient faire courir Londres. Il était riche; il était grand; il était beau; gorgé de bonheurs et d'honneurs. Certains le comparaient à un Bacchus antique; d'autres à quelque empereur romain; d'autres à Apollon lui-même - et le fait est qu'il rayonnait.»
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Alain (Émile-Auguste Chartier). Publié au sortir de la Première Guerre mondiale où Alain s'était engagé volontairement comme simple soldat, "Mars ou La guerre jugée" est une suite de 93 brefs essais - plus vingt autres rajoutés en 1936 - ayant l'allure et la beauté d'autant de poèmes en prose. Alain y dessine le visage ambigu de Mars, dieu de la guerre, avec la rigueur de l'homme de science, la pénétration du philosophe et le bonheur d'expression du poète. Il y démonte tout le mécanisme de la guerre dans ses causes profondes, ses contradictions et ses mensonges, évitant cependant les trop évidents aspects immédiats de la tragédie: la souffrance, la mort et la destruction. Là où l'on ne voit souvent que l'apparence de la guerre, Alain continue lui de voir l'homme, "sentencieux toujours, observateur étonnant, sachant tout du ciel et de la terre, et embarqué pour les dix ans du siège de Troie". Révolté, il s'attaque en particulier au traitement inhumain que la hiérarchie militaire inflige à l'homme de troupe, qui est pour lui sans doute l'un des côtés les plus hideux du visage de Mars, ce "dieu vaniteux, triste et méchant".
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Diderot. Rédigé vers 1773, revu vers 1778, et publié seulement en 1830 à titre posthume, cet essai a pour point de départ un ouvrage intitulé: "Garrick ou les Acteurs anglais" sur lequel Diderot avait initialement présenté diverses observations dans la "Correspondance" de Grimm. Prolongeant ces remarques, le philosophe nous livre plus avant sa pensée sur le théâtre et l'art du comédien, s'inscrivant d'abord en faux contre l'opinion de son temps qui voulait qu'un bon acteur ne puisse toucher le public que s'il est lui-même en proie aux passions qu'il exprime. Selon lui, le comédien se doit plutôt d'imaginer un archétype pour en faire un modèle, son double. Pour bien jouer un rôle il doit être capable de jugement et de pénétration, mais peut se passer de sensibilité. Pour lui, il s'agit donc avant tout d'acquérir une technique. "Plus on sent, moins on fait sentir", dit-il. Diderot étend même ses réflexions à la littérature et à tous les arts, sans cependant en faire une théorie ou une doctrine esthétique. Il étaye ses affirmations par l'exemple de deux comédiennes de son temps: Mlle Clairon, toute de lucidité, et Mlle Dumesnil, emportée par son instinct. Débordant de verve, étincelant d'esprit, d'observations pénétrantes et d'idées neuves sur le théâtre et le jeu d'acteur, "Paradoxe sur le comédien" est présenté sous forme d'un dialogue, le premier interlocuteur étant le porte-parole de Diderot.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Louis Pergaud. D'origine paysanne franc-comtoise, Louis Pergaud s'est inspiré de son enfance pour composer ce recueil de huit nouvelles animalières qui raconte avec une lucidité parfois cruelle les gens et les bêtes de la campagne, la lutte pour la vie des animaux et le sadisme des humains. L'auteur de "La Guerre des Boutons" y fait preuve d'un don unique d'observation, d'une passion pour les sciences naturelles et d'un sens très sûr de la psychologie animale, qu'il humanise sans pour autant la caricaturer. On retiendra entre autres "La tragique aventure de Goupil" - histoire d'un renard qu'un braconnier a affublé d'un grelot, et qui nous fait suivre d'une façon poignante le sort pitoyable de l'animal accablé de ridicule jusqu'à sa mort -; "L'horrible délivrance" où l'on voit une petite fouine s'amputer elle-même de la patte qui la retient prisonnière dans un piège -; ou encore "La captivité de Margot", qui relate le calvaire d'une pie tombée entre les mains d'un homme qui la met en cage, lui rogne les ailes et lui donne à boire de l'eau-de-vie pour la rendre ivre folle. Sous-titré "Histoires de Bêtes", "De Goupil à Margot" a été récompensé par le Prix Goncourt 1910.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Machiavel et accompagné de 7 planches hors-texte. Publié en 1521, après "Le Prince" qu'il complète, "L'Art de la guerre" traite de science militaire, qui est ici étudiée en détail tant dans ses aspects politiques (réflexion sur le pouvoir, l'armée comme base du problème politique) que techniques (tactiques, armes, etc). L'auteur précise ses idées sur l'absolue nécessité pour un Etat de disposer d'une armée de citoyens. Il oppose à la figure du soldat citoyen, seul vraiment capable de défendre la patrie, celle du soldat mercenaire brutal et cupide, et accuse les princes italiens d'avoir ruiné le pays en employant ces milices pour mener leurs guerres. Sur le plan technique, ses considérations sont ce qu'elles peuvent être concernant une armée du XVIe siècle avec ses moyens en infanterie, cavalerie, artillerie, etc.. Certes dépassées aujourd'hui, elles témoignent cependant de la culture militaire de l'auteur et des idées de son temps qui se réfèrent toujours aux systèmes et méthodes des légions romaines. Pour sa démonstration, Machiavel adopte la forme littéraire d'un dialogue cicéronien se tenant dans les jardins de son ami Cosimo Rucellai, où les jeunes Florentins ont l'habitude de se réunir pour discuter politique. Ses amis - Zanobi Buondelmonti, Battista della Palla et Luigi Alamanni - qui fréquentent ces réunions apparaissent comme interlocuteurs dans le livre mais le personnage principal est toutefois Fabrizio Colonna, fameux condottiere de l'époque, auquel Machiavel attribue ses propres réflexions.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Guy de Maupassant. Divers personnages incarnant différents types humains évoluent autour d'une Célimène moderne, Michèle de Burne. On y croise le dilettante André Mariolle, riche célibataire épris de Michèle mais quêtant l'amour véritable auprès d'une simple fille du peuple, le romancier Gaston de Lamarthe, le musicien Massival, le sculpteur Prédolé, le philosophe Georges de Maltroy, etc. Michèle de Burne, qu'on donne pour une des femmes les plus spirituelles de Paris, se découvre plusieurs "moi" au contact de ces intellectuels artistes désoeuvrés qui cultivent sa légende avec soin. Son salon bourdonne de paradoxes.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Guy de Maupassant. Ayant achevé ses études, Jeanne, la fille du baron Le Perthuis, se rend dans la propriété de ses parents en Normandie. Sensible et romantique, elle a toujours été tendrement aimée par sa famille et jouit elle-même pleinement de leur présence. Bientôt, elle entame une idylle avec un de ses voisins, le vicomte Julien de Lamare. Le mariage, suivi d'un voyage de noces enchanteur, suivent comme un beau songe. Mais Jeanne comprend bientôt que son mari entretient de nombreuses liaisons féminines et qu'il est en outre très intéressé par son argent. Le malheureux trouve toutefois la mort lors d'une nouvelle aventure, tué par un mari jaloux. Jeanne cherche quelque réconfort dans l'affection de son père et dans l'amour qu'elle porte à son petit garçon. Trop gâté pendant son enfance, celui-ci, dès l'âge de dix-huit ans, commence à rançonner sa mère et la ruine bientôt complètement. Jeanne devient folle. Le roman est conduit avec la rigueur d'une véritable étude psychologique et Maupassant, qui maîtrise ici un style exceptionnel de justesse, ne tire aucune morale de cette histoire, montrant seulement le destin d'une femme sensible.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Guy de Maupassant. Georges Duroy, d'origine modeste et médiocrement instruit, mais à l'esprit résolu et, surtout, jeune et séduisant, monte tenter sa chance à Paris après avoir servi comme sous-officier en Afrique. Il y retrouve un ancien compagnon d'armes, Charles Forestier, qui brille maintenant dans le journalisme. Avec sa femme, il l'aide à publier un premier article qui connaît un fort retentissement. Duroy pénètre bientôt les rouages de la profession et les dessous du Tout-Paris. Il sait plaire à un propriétaire de journaux rusé et à plusieurs femmes influentes qui l'aident dans son ascension sociale. Son audace et son charme suppléent à son manque de culture. Un duel gagné accroît son prestige. Au fil des intrigues et des manipulations, Duroy, devenu désormais "Bel-Ami", prêt à tout pour faire fortune et asseoir son pouvoir, révèle une âme profondément dévoyée et cynique. Maupassant fut accusé de pessimisme outré pour ce roman balzacien qui fit scandale lors de sa parution. Il répondit qu'il s'était borné à écrire une satire du journalisme parisien. Avec son brio irrésistible et son style alerte et précis, "Bel-Ami" reste l'une des oeuvres les plus marquantes de la littérature française du 19e siècle.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Guy de Maupassant. Dix-sept contes composent ce recueil, dix-sept récits n'ayant pour lien entre eux que le prétexte du livre: le baron des Ravots, illustre chasseur maintenant paralysé, réunit ses amis qui doivent chacun raconter une histoire lorsqu'un tourniquet composé d'un bec de bécasse les désigne. Il y a des histoires cruelles, comme "Ce cochon de Morin", ridiculisé par une timide et infructueuse tentative de drague dans un train, ou "La Farce normande", nuit de noces d'un fermier qui se dérobe à son premier devoir conjugal pour cause de chasse. Il y a des histoires drôles, comme "Un Normand", ou sinistres, comme "Aux champs" et "En mer". La guerre de 1870 apparaît dans trois contes: "La Folle", "Saint Antoine" et "L'Aventure de Walter Schnaffs", où l'on passe du macabre au burlesque. Certains récits ont une tout autre envergure. C'est la cas entre autres du "Menuet", vision à la fois tendre et pitoyable d'un couple suranné dont le seul plaisir est de danser encore le menuet, de "La Rempailleuse", récit d'une passion non partagée qui obsède et nourrit toute une vie, du "Testament", dernières volontés d'une épouse délaissée, ou encore du "Fils", plein du remords des amours insouciantes car l'amour peut causer la mort ou la vie sur le simple caprice d'un moment.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Léon-Paul Fargue. Dans ce volume de chroniques littéraires publié en 1942, l'auteur du "Piéton de Paris" évoque de nouveau à travers ses souvenirs et ses réflexions le Paris de sa jeunesse: Montparnasse 1910-1935, le vieux Montmartre, les chambres, cafés et guinguettes de la vie de bohême, ses amis Paul Claudel, Maurice Ravel, Paul Valéry, Claude Debussy, Stéphane Mallarmé, Erik Satie, Pierre Louys, Alfred Jarry, etc.. Le recueil se termine par une longue méditation sur la France à ce moment très sombre de son histoire.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Léon-Paul Fargue. Faisant suite à "Déjeuners de soleil", "Dîners de lune", publié en 1952, est un autre recueil de chroniques nostalgiques et poétiques sur Paris et la vie parisienne des années 1930-1940. L'auteur du "Piéton de Paris" y traite du Musée Grévin, des Maisons Tellier, du Bal des Petits Lits Blancs, de la Haute couture, etc., mais aussi de divers sujets variés parfois graves, parfois légers: la féminité occidentale, l'argent, le stylographe ("Il y a dans le stylo un côté insecte domestique, cheval de course, des feux éteints, une forme réussie et un contact enfin qui séduisent les hommes de plume les plus attachés aux traditions"), le camping, le rapport entre les sexes fort et faible, le mal du siècle,... "Jadis, dans ma prose d'avant-guerre, j'écrivais que tout a pour but la solitude. Je suis sûr aujourd'hui de ne pas m'être trompé...", constate le poète.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Léon-Paul Fargue. En 1943, marié depuis peu avec la peintre Chériane, Léon-Paul Fargue est frappé d'hémiplégie alors qu'il dîne avec Pablo Picasso à la terrasse d'un café. Dès lors, "inscrit dans son écorce", coincé entre l'inerte et la poésie, lui qui affirmait écrire pour mettre de l'ordre dans sa sensualité, est condamné à regarder en face la "douleur aux yeux de corbeau". Depuis son appartement du boulevard Montparnasse, soigné avec un infini dévouement par sa femme, il reste à l'affût du passé et du miracle, auquel il ne cessera de croire, d'une possible guérison. Le lit devient écritoire d'où sortira notamment ce recueil de chroniques littéraires intitulé "Méandres" qui, entre divers textes sur la Paix, la Guerre et Paris de la Belle époque à la Libération, contient aussi un émouvant témoignage sur son état ("En rampant au chevet de ma vie").
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Léon-Paul Fargue. Consacré à la période 1943-1947, ce recueil de chroniques s'attache à décrire une époque aussi étrange qu'intemporelle. De l'exposition de New-York 1939 à la saison théâtrale 1946, du quartier parisien du Marais aux Phares de France, de Paul Valéry à Stéphane Mallarmé, de la Musique à la Bombe atomique, ces chroniques aussi poétiques que politiques du "Piéton de Paris" forment un document littéraire essentiel sur la vie parisienne à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Léon-Paul Fargue. Publié en 1942, "Déjeuners de soleil" est un recueil nostalgique d'essais et de chroniques poétiques sur un Paris d'avant-guerre disparu: celui des artisans d'art, des omnibus, du tout jeune métro, de l'ancien Trocadéro, de la Loterie Nationale, du bottin du téléphone, etc., mais aussi celui plus récent des bouleversements que traversent la capitale et les parisiens sous l'Occupation. Fargue évoque aussi divers autres thèmes plus intemporels: le silence, la neige, le printemps, l'automne,... "Et, dans ce Paris silencieux, nostalgique, suspendu comme un mirage et qui se respire lui-même comme devait faire le palais de la Belle au Bois Dormant, tous ces bruits qu'on n'entendait plus sortent du temps, de leurs gîtes, de l'ombre d'un tournant de rue, d'une porte, se divisent et se rejoignent, comme des bêtes qui émergent de leur antre, l'une après l'autre, après l'orage. Cris des marchands et des bricoleurs, rires roulant comme les billes des enfants qui jouent et se poursuivent sur les chaussées libres, longuement dorées, où les voitures ne menacent plus, qu'on peut traverser en lisant son journal ; traînes des cloches qui pleurent doucement, chansons des musiciens ambulants et des racleurs, qui cheminent plus lentement au milieu de la rue en prenant le temps de lever les yeux vers chaque fenêtre." - Léon-Paul Fargue
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Léon-Paul Fargue. Publié en 1944 à Marseille, ces chroniques littéraires, véritable recueil de poèmes en prose, s'attache à décrire Paris sous l'Occupation (1941-1943). L'auteur du "Piéton de Paris" y mêle souvenirs d'enfance, essais littéraires et portraits d'artistes (le Symbolisme, Stéphane Mallarmé, Victor Hugo, Réjane, Ernst Meissonier, Marcel Prévost,...), choses vues et scènes de la vie quotidienne (les fiacres des boulevards, les soirées de printemps,...), réflexions érudites (sur la poésie, la musique, la peinture,...) et commentaires intemporels sur l'actualité de son temps (la politique, l'art, la mode,...). "Donc, je me promène, et, naturellement, je rêve en me promenant. Si Paris, le soir, s'enroule de deuil, il rayonne le jour comme si l'enfantement de l'Histoire ne lui travaillait pas, à lui aussi, les tripes. Il y a dans les pas, le guet des yeux, l'ondulation des hanches, la grâce des cous, le choix des cravates et des écharpes, une allégresse quand même et le voeu de revivre" - Léon-Paul Fargue
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Balzac. Du "Journaliste-Homme d'État" à "l'Auteur à convictions" en passant par le "Faiseur d'articles de fond", le "Grand Critique", le "Rienologue", le "Pêcheur à la ligne" ou le "Publiciste à portefeuille", Balzac dresse ici une typologie des journalistes de son époque, analysant leurs rôles et décrivant leurs moeurs et leurs méthodes de travail habituelles: diffusion de fausses informations, manipulations de l'opinion publique, mensonges, diffamations, calomnies, satires, médisances, fabrique de scandales, chantages, harcèlements, lynchages par écrit, excitations du public à la haine, etc., l'ensemble baignant dans un univers de corruption, d'agressivité, d'ignominie et de bassesse humaine la plus crasse. De cette époque des "Canards" et des "Petites feuilles" parisiennes, Balzac, qui a parsemé son pamphlet de nombreux axiomes sur le métier de journaliste, nous rappelle que ce milieu est et restera toujours le même. "Si la presse n'existait pas, il faudrait ne pas l'inventer", assène-t-il. À l'heure des "hoax", des "fakenews", de la "post-vérité" et des désinformations diffusées en un flux continu par nos plus prestigieux médias sur les sujets les plus graves (guerres, épidémies, etc.), le public, qui n'accorde presque plus aucune confiance aux journalistes, semble d'ailleurs plus que jamais à l'unisson de l'auteur des "Illusions perdues".
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Eugène Delacroix. Préface d'Élie Faure. "La production littéraire d'Eugène Delacroix se compose de trois éléments: ses articles parus de son vivant dans divers périodiques, ses notes éparses sur des albums, carnets et feuilles volantes, et sa correspondance. Tous ces écrits ont été publiés. Mais, tandis que les notes, rassemblées sous le titre de "Journal d'Eugène Delacroix", et les lettres, étaient livrées au grand public, les articles originaux ne bénéficiaient pas de ce privilège et restaient enfouis et oubliés dans un volume publié deux ans après la mort du maître par Piron, l'un de ses intimes. C'est ce dernier livre que nous exhumons aujourd'hui, non pas il est vrai absolument tel que Piron, dans sa hâte pieuse de sauver du naufrage tous les souvenirs du grand peintre, l'avait conçu et réalisé, mais contenant les mêmes matières à peu de choses près. Nous y avons apporté quelques additions. Le livre comprend deux parties: 1. - Les "Doctrines", écrits théoriques publiés par Delacroix et formant un corps de doctrines où la pensée du maître se révèle sous une forme moins pénétrante et familière, mais peut-être plus cohérente, que dans son "Journal". 2. - Les "Impressions et méditations", composée des notes, réflexions et projets de toute sorte jetés au hasard par Delacroix sur ses carnets, complément indispensable à la première partie si l'on veut entrer plus profondément dans la pensée intime de Delacroix." - Élie Faure.