"J'avais bien l'intention, ayant bouclé mon livre sur L'Humanité en péril, de ne pas vous laisser en paix (pas plus que moi-même), et de persister à vous assommer par de nouveaux éléments, tant la question du dérèglement climatique et des conséquences du déclin du pétrole est trop ample pour être traitée en un seul volume.
J'aurais de très loin préféré vous assurer de la continuation, avec d'autres méthodes que celles d'aujourd'hui, de nos modes de vie. L'honnêteté m'impose de vous dire que c'est là chose impossible et que nous devons avoir le cran de regarder ce bouleversement en face, sans déni, et dans tous ses effets."
Comment la forêt nous sauvera si nous la laissons faire.
Peter Wohlleben est forestier depuis vingt ans. Grâce à ses livres, traduits dans le monde entier, il a fait découvrir la vie secrète des arbres et ses enseignements à des millions de lecteurs.
Dans sa forêt en Allemagne, qui est comme un laboratoire à ciel ouvert, il est le témoin des bienfaits de l'écosystème forestier, de son action sur le cycle de l'eau, les sols et la qualité de l'air que nous respirons, surtout quand le climat change.
Peter Wohlleben nous montre ainsi comment les arbres s'adaptent déjà au changement climatique et comment la forêt peut compenser ses effets. Mais les arbres sont aussi une matière première ; ils font l'objet d'une exploitation intensive, dont les conséquences menacent directement notre avenir. En s'appuyant sur la science, la nature et son expérience unique, Peter Wohlleben dénonce les pratiques de l'industrie forestière et lance un appel à laisser se développer librement les forêts du futur.
La forêt peut être notre meilleure alliée pour préserver une planète vivable... mais seulement si nous la laissons faire.
La maison brûle ! La crise climatique est là qui menace l'équilibre du monde. Des mouvements sociaux ont déclaré l'état d'urgence social et écologique. Mais pourquoi sommes-nous incapables d'agir en conséquence ? Comment éteindre l'incendie ? Depuis plus de vingt ans, Naomi Klein se fait l'écho incisif de la guerre économique qui prend pour cibles les individus et la planète. Elle propose ici la mise en oeuvre du plan de sauvetage : un New Deal vert.
Depuis les forêts du Yellowstone aux crêtes du Kirghizstan, des steppes du Haut-Var à la terrasse de son appartement, Baptiste Morizot nous invite à partir sur les traces d'êtres hors du commun, souvent mythifiés : les grands prédateurs - ours, loups, panthères des neiges...
À travers différents récits de pistage, l'auteur nous propose ainsi de nous "enforester", selon l'expression des coureurs de bois du Grand Nord canadien : porter son attention sur le vivant simultanément autour de nous et en nous, et apprendre à cohabiter avec lui.
Page après page, le pistage repeuple la nature, et notre monde intérieur.
Ce livre propose de se reconnecter avec la nature, de comprendre son langage. Car la nature a un rôle thérapeutique : le lectorat pourra gagner en bien-être et améliorer son écoute des autres. Il s'agit aussi de fournir des clés pour laisser entrer la nature dans notre quotidien, où que l'on soit, et de développer une forme de sixième sens.
Le mystère d'être un corps, un corps qui interprète et vit sa vie, est partagé par tout le vivant : c'est la condition vitale universelle, et c'est probablement elle qui mérite d'appeler le sentiment d'appartenance le plus puissant. Ainsi, les animaux sont pour nous à la fois des parents et des étrangers d'une profonde altérité. Baptiste Morizot approfondit ici une série d'enquêtes philosophiques fondées sur la pratique du pistage. Il s'agit de pister à la fois les vivants sur le terrain et les idées que nous nous faisons d'eux dans la forêt des livres et des savoirs... Ce livre approche les animaux, humains compris, comme autant de manières d'être vivant.
Que diraient les arbres si on les écoutait ?
A la suite de son premier livre Et si on écoutait la nature ? (Payot), Laurent Tillon s'attache aujourd'hui à raconter l'histoire d'un chêne pédonculé bien particulier de la forêt de Rambouillet. Alliant une sensibilité naturaliste développée depuis l'adolescence aux découvertes scientifiques les plus récentes, l'auteur est pour la première fois en mesure de réaliser la biographie de cet arbre majestueux en pleine force de l'âge. A travers la vie pleine de suspense et de rebondissements de ce chêne, c'est l'occasion de brosser, avec tendresse et humour, les portraits étonnants de toute une galerie d'êtres qui interagissent avec lui, du champignon invisible (mais néanmoins indispensable) au cerf et au loup en passant par le capricorne, le mulot et bien d'autres encore. Bien qu'en apparence parfaitement immobile, Quercus tisse des liens indéfectibles avec tous les habitants de la forêt. Prédation bien sûr, mais surtout coopération et alliances à tous les étages, du sous-sol à la canopée.
Ayant dressé ses premières feuilles quelques décennies avant la Révolution française, dans un paysage de lande arborée difficilement imaginable aujourd'hui, Quercus raconte aussi un volet de l'histoire tumultueuse des hommes à travers leurs relations complexes et ambigües aux arbres. De la forêt royale vouée au seul divertissement de la cour jusqu'au souci du végétal qui irrigue maintenant des pans entiers de la société, Laurent Tillon évoque avec empathie l'émergence et l'évolution de la sensibilité au vivant.
Après un coup de tonnerre du destin, Édouard Cortès choisit de se réfugier au sommet d'un chêne, de prendre de la hauteur sur sa vie et notre époque effrénée. À presque quarante ans, il embrasse femme et enfants, supprime ses comptes sur les réseaux sociaux et s'enfonce dans une forêt du Périgord pour un voyage immobile. Là, dans une cabane construite de ses mains, il accomplit son rêve d'enfant : s'enforester, rompre avec ses chaînes, se transformer avec le chêne, boire à la sève des rameaux. Ce printemps en altitude et dans le silence des bois offre une lecture de la nature qui ne se trouve dans aucun guide ou encyclopédie. Le chêne si calme abrite un cabinet de curiosités et accorde pendant trois mois à l'homme perché une rêverie sous les houppiers et les étoiles. Il faut savoir parfois contempler une colonie de fourmis savourant le miellat, écouter un geai ou un couple de mésanges bleues, observer à la loupe des champignons et des lichens pour comprendre le tragique et la poésie de notre humanité. Afin de renouer avec l'enchantement et la clarté, l'homme-arbre doit couper certaines branches, s'alléger et se laisser traverser par la vie sauvage avec le stoïcisme du chêne.
Si l'on en croit les fresques du Tassili et du Levant espagnol, la guerre, c'est-à-dire l'affrontement de deux groupes armés, serait une invention du néolithique, et la cause, selon de purs critères économiques, en serait la convoitise des biens produits par l'agriculture et l'élevage, apparus dans le même temps.
Quelques milliers d'années plus tôt, à l'époque glaciaire, les mêmes s'inclinaient devant les seigneurs de la toundra : bisons, mammouths, aurochs etc. qu'ils représentaient avec déférence dans la ténèbre des grottes, ne se jugeant pas dignes de figurer à leurs côtés. De quoi nourrir frustration et esprit de revanche. D'autant que cette primauté accordée aux grands animaux, est la place divine.
Place que rappellent les Crows à Jeremiah Johnson quand il viole le cimetière des ancêtres dans le film de Sidney Pollack, que rappellent les paysans de La Ville-aux-fayes au général Montcornet dans les Paysans de Balzac dont le premier titre, choisi par lui, était Qui terre a, guerre a.
On peut même considérer que c'est avec le ciel que la terre est en guerre. Et aujourd'hui, c'est le ciel qui regimbe et s'échauffe face aux méthodes brutales de l'agriculture dont les « progrès » (nitrite, pesticides, fongicides) sont un héritage direct des guerres du XXème siècle.
Amoureux de la nature, Geoffroy Delorme n'a pas vingt ans quand il aperçoit, dans la forêt de Louviers en Normandie, un chevreuil curieux et joueur. Le jeune homme et l'animal s'apprivoisent. Geoffroy lui donne un nom, Daguet, et le chevreuil lui ouvre les portes de la forêt et du monde fascinant de ses semblables. Geoffroy s'installe parmi eux et son expérience immersive va durer sept ans. Vivre seul en forêt sans tente, ni abri, ni même un sac de couchage ou une couverture, c'est surtout apprendre à survivre. Geoffroy Delorme suit l'exemple des chevreuils.
Il adopte leurs comportements, apprend à se nourrir, à dormir et à se protéger comme eux. Il acquiert une connaissance unique de ces animaux et de leur mode de vie, il les observe, les photographie et communique avec eux. Il apprend à partager leurs joies, leurs peines et leurs peurs. Aujourd'hui, il raconte.
Il y a 200 000 ans, depuis l'Afrique, l'humanité partait à la conquête du monde. Elle détenait une arme secrète : son cerveau. Une machine à penser, à tirer parti de son environnement, à se reproduire et à dominer. Longtemps notre meilleur allié, notre cerveau risque aujourd'hui de causer notre perte. Car il existe un défaut de conception, un véritable bug, au coeur de cet organe extraordinaire : les neurones en charge d'assurer notre survie ne sont jamais rassasiés et réclament toujours plus de nourriture, de sexe et de pouvoir. Ainsi, nous sommes 8 milliards d'êtres humains sur Terre à rechercher encore et toujours la croissance dans tous les domaines. Pour ce faire, notre espèce hyper-consommatrice surexploite la planète, modifie son écosystème... et se met gravement en péril. Comment se fait-il que, ayant conscience de ce danger, nous ne parvenions pas à réagir ? Peut-on résoudre ce bug et redevenir maîtres de notre destin ? Oui, à condition d'analyser en chacun de nous et non plus seulement à l'échelon économique et politique ce mécanisme infernal qui pousse notre cerveau à en demander toujours plus.Grand Prix du Livre sur le Cerveau 2020 de la Revue Neurologique
En août 2021 s'est déroulée la deuxième édition d'Agir pour le vivant ; 8 jours de débats denses et fertiles, de rencontres, d'ateliers, d'expositions et de projections pour placer la question du vivant au centre de nouvelles façons d'habiter le monde. Pour témoigner de la richesse de ces échanges, nous avons demandé à des intervenants du festival de nous faire part de leurs enthousiasmes, de leurs émotions, de leurs rencontres à l'issue de ce rendez-vous annuel unique en France.
Le livre du film réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent. Un voyage dans dix pays, des dizaines de solutions pour construire le monde de demain.
« Ce livre parle de science, c'est certain ; mais ce n'est pas exactement un livre de science, c'est un livre d'émerveillement devant la science, un livre du bonheur de penser en faisant feu de tout bois, histoire, littérature, et donc aussi avec la science qui donne le bonheur de chercher, découvrir, comprendre, et par là de voir le monde s'enrichir sous nos yeux. » Alexis Jenni est romancier, alors il raconte les cinq extinctions majeures que notre Terre a connues au cours des cinq cents derniers millions d'années, dont celle des dinosaures, qui est la plus célèbre mais pas la seule. Et il s'interroge sur la sixième, celle d'aujourd'hui, due aux dégâts infligés au vivant par l'activité humaine, dont on peut s'inquiéter qu'elle nous emporte à notre tour. C'est passionnant, ça se lit comme un roman, mais tout y est vrai ; ce qui est encore mieux !
La crise climatique est au centre de l'actualité de notre planète. Elle fonde les politiques nouvelles qu'il faut d'urgence mettre en oeuvre et constitue un défi vertigineux pour les générations futures. Souvent perçue comme trop technique ou complexe, la transition énergétique est pourtant au coeur des solutions et nécessite des données, des analyses et des interprétations étayées.
Cet ouvrage collectif vise à ' jouer cartes sur table ' en croisant les éclairages fournis par l'économie, l'histoire, les relations internationales et la science politique. En douze chapitres, des universitaires français et européens, de générations et de disciplines différentes, proposent une synthèse des réflexions actuelles sur la transition énergétique en France et dans le monde.
Un ouvrage du Groupe d'études géopolitiques, dirigé par Michel Derdevet, coordonné par Clémence Pèlegrin, avec la participation de Christophe Bonnery, Dirk Buschle, Joseph Cacciari, Pierre Charbonnier, Anna Creti, Charlotte Gardes, Patrice Geoffron, Sophie Hou, Carlo Invernizzi Accetti, Jan Horst Keppler, Annabelle Livet, Nicolas Mazzucchi, Angélique Palle, Jacques Percebois, Christian de Perthuis, Boris Solier, Aurianne Stroude, Simone Tagliapietra et Jean-Baptiste Vaujour.
Les sorties, en solo ou en famille, sont l'occasion d'explorer, d'apprendre, de goûter... Mille et une astuces vous attendent au tournant : comment fabriquer un chewing-gum avec de la résine, imiter le brame du cerf à l'aide d'une feuille de hêtre, tailler des sifflets dans des branches de saule. Comment éviter de se mouiller les pieds. Déjouer mouches, taons et autres tiques. Identifier des empreintes dans la boue. Installer un nichoir. Ou encore couper soi-même son bois de chauffage.
Les humains font partie intégrante de l'écosystème forestier. Encore faut-il qu'ils y trouvent leur juste place. Ce livre, richement illustré, s'emploie à les y aider, avec beaucoup d'entrain et quelques maîtres mots : respect, curiosité, liberté.
Parler aujourd'hui d'écologie au singulier n'a guère de sens tant les mouvements qui s'en réclament sont multiples et opposés entre eux. De fait, l'écologie se divise désormais en sept grands courants : les « effondristes », qui tiennent la catastrophe pour inévitable ; les alarmistes révolutionnaires, héritiers de la critique marxienne du capitalisme, qui plaident pour la décroissance, comme les écoféministes, les décoloniaux et les véganes, qui considèrent la lutte pour l'environnement comme indissociable de celle pour le droit des femmes, des colonisés et des animaux ; les réformistes, qui pensent au contraire que la solution se situe dans la croissance verte et le développement durable. Viennent enfin les partisans de « l'écomodernisme » et de l'économie circulaire que je défends ici. Ces différentes composantes s'accordent sans doute sur le fait que la planète va mal, mais leur opposition n'en reste pas moins parfois radicale, les effondristes et les révolutionnaires tenant notamment la croissance verte et le développement durable pour des impostures. C'est à analyser les idées, les convictions et les propositions qui les animent que ce livre est consacré, mais aussi à proposer une alternative écomoderniste à l'écologie punitive, une vision du monde qui esquisse enfin un grand dessein enthousiasmant pour une humanité réconciliée avec elle-même comme avec sa planète.
Édition mise à jour : nouvelles données, réactions à l'actualité et un chapitre inédit.
Dans la première édition de ce livre, Aurélien Barrau nous disait : " La vie, sur Terre, est en train de mourir. L'ampleur du désastre est à la démesure de notre responsabilité. L'ignorer serait aussi insensé que suicidaire. Plus qu'une transition, je pense qu'il faut une révolution. Et c'est presque une bonne nouvelle. "
Dans cette nouvelle édition, il complète et affine son propos en analysant la nature des oppositions à la pensée écologique et en suggérant de nouvelles voies de résistance pour dépasser l'immobilisme suicidaire.
En 2003, le célèbre naturaliste Dave Goulson achète dans le Limousin une ferme à l'abandon entourée d'un terrain d'une douzaine d'hectares. Là, au fil des ans, il crée une prairie sauvageonne à partir de plantes vernaculaires, un refuge pour les insectes qu'il se plaît à observer et qui sont, ici comme ailleurs, en voie d'extinction. Déambulation dans ce coeur de France, son livre en ouvre l'horizon à la planète tout entière pour nous conter les extraordinaires histoires des plantes et des bêtes. Il nous rappelle aussi à notre part dans la sauvegarde de la biodiversité : il ne tient qu'à nous de garder cette planète vivante et d'éloigner le spectre d'une terre silencieuse, sans cigales, sans papillons, sans abeilles, sans oiseaux. Sans nous.
Au cours du XXe siècle, la défaite du sauvage a semblé totale. Nous avons progressivement fait le vide autour de nous. La litanie des disparitions se poursuit quotidiennement dans l'indifférence des décideurs, et les scientifiques prédisent une annihilation biologique qui ébranlerait jusqu'aux fondements mêmes de la civilisation humaine. Et pourtant, ce livre est un ouvrage optimiste. Tout n'est pas perdu, loin de là. Car, malgré tout ce que nous lui avons fait subir, la nature résiste. Mieux, elle revient ! Notre pays est le mieux placé pour faire en tête, la course de la plus belle nature européenne. Favoriser le retour de la nature sauvage est un excellent facteur de développement. Notre richesse naturelle est renouvelable et non-délocalisable. C'est l'enjeu économique de demain. La place pour la vie sauvage ne manque pas sur notre territoire ; elle ne manque que dans nos têtes. Nous voudrions contribuer à ménager cette place pour le bien-être et l'épanouissement de tous. Hommes, plantes et animaux : nous sommes tous liés et il est grand temps aujourd'hui de renouer avec notre famille. Il en va de notre survie. Une nouvelle alliance est possible, basée sur le triptyque abondance/diversité/proximité : ce livre le démontre.
Il y a cinquante ans, en mars 1969, alors sur le point de gagner une course en solitaire, le navigateur Bernard Moitessier choisissait de ne pas franchir la ligne d'arrivée et de fuir le consumérisme. Dans cet essai philosophique et littéraire rédigé à la première personne et empreint de doute salutaire, Corinne Morel Darleux questionne notre quotidien en convoquant les lucioles de Pasolini ou Les Racines du cielde Romain Gary et propose un choix radical : refuser de parvenir et restaurer la dignité du présent pour endiguer le naufrage généralisé.
Élue dans la Drôme, militante écosocialiste, chroniqueuse pour Reporterre, Corinne Morel Darleux suit depuis dix ans les questions climatiques et de défense des écosystèmes.
Le directeur de Greenpeace France lance un ultimatum aux politiques : le prochain quinquennat est la dernière chance d'inverser la courbe du réchauffement climatique
Au rythme actuel, la neutralité carbone n'arrivera pas en France avant 2084 ! Emmanuel Macron a pratiqué la politique du climato-cynisme tout au long de son mandat et les efforts ont été largement insuffisants. Les conséquences du réchauffement climatique sont déjà perceptibles dans notre pays : incendies répétés, vignes brûlées, récoltes perdues en raison de la sécheresse, fonte des glaciers... Si le prochain gouvernement ne lance pas urgemment les transformations nécessaires, nous entrerons en territoire inconnu. Jean-François Julliard dresse un état des lieux précis et donne des propositions concrètes pour notre pays émanant d'acteurs de terrain dans les domaines les plus décisifs : l'agriculture, le transport, le logement, l'industrie et l'énergie. Transformation de notre modèle économique, réinvention de nos modes de vie, changement de notre consommation alimentaire, les mesures à prendre avant 2030 sont urgentes et radicales. La prise de conscience des citoyens est là, il nous manque le courage politique.
En redonnant du crédit à l'idée que nous faisons partie d'un monde vivant, les pensées de l'écologie accompagnent aujourd'hui une recomposition de l'idée de nature, lourde de conséquences politiques et qui ébranle en profondeur les croyances et les valeurs de l'Occident moderne. Pour se repérer dans ce vaste chantier philosophique, cet ouvrage propose quelques balises.
Après des études de philosophie et différents postes dans l'édition, Baptiste Lanaspeze, l'auteur de ce livre, a créé en 2009 Wildproject à Marseille, une maison pionnière dans la diffusion des pensées de l'écologie et de la philosophie environnementale. Dans une époque de prolifération parfois cacophonique des discours sur l'écologie et la crise en cours, ce livre a été conçu comme une boussole pour s'orienter. C'est aussi une tentative de synthèse d'une vie intellectuelle, professionnelle, psychologique et politique. Tout en s'appuyant sur des lectures et références philosophiques et scientifiques non occidentales en grande partie et muries depuis une vingtaine d'années (citons notamment l'historien powatan Jack Forbes, l'écologue japonais Kinji Imanishi, l'historien camerounais Achille Mbembe ou encore la philosophe et écoféministe indienne Vandana Shiva), le texte témoigne aussi d'une trajectoire, du mouvement d'une génération.
En redéfinissant la nature comme la société des vivants, les pensées de l'écologie nous invitent à penser nos organisations sociales non pas comme une prérogative spécifiquement humaine, mais comme des prolongements des sociétés animales et végétale. Nos sociétés humaines ne transcendent pas les autres sociétés terrestres, mais y sont intégrées, elles en découlent, et elles lui sont redevables. Tout en s'adossant à l'idée d'un sens ancien de la nature comme " monde vivant dont nous faisons partie ", il s'agit cependant ici de " recharger " l'idée de nature par les avancées des pensées écoféministes et décoloniales. Il s'agit même d'un enjeu majeur pour l'auteur : " une lutte écologiste conséquente est nécessairement décoloniale ; et inversement ".
Les forêts deviennent une industrie ! Parée du discours trompeur de l'énergie verte et des vertus de la biomasse, une entreprise massive et silencieuse de transformation de la sylve en matière se déploie en France. Nous pensons la forêt comme le refuge de la liberté, nous la parcourons pour respirer le parfum de la nature, nous nous y réfugions des trépidations urbaines. Mais les abatteuses, les voies forestières démesurées, les centrales à biomasse sont en train de l'avaler, de la quadriller, de la standardiser.
Cette dramatique industrialisation de la forêt, on ne l'avait pas encore racontée. Pendant des mois, des Landes au Morvan, de l'Auvergne aux Vosges, Gaspard d'Allens a couru les bois pour décrire et raconter le désastre en cours. Car la forêt subit maintenant la logique productiviste qui a ravagé l'agriculture, détruisant les emplois, dispersant les produits chimiques, gaspillant l'énergie, réduisant la biodiversité.
Mais il est encore possible d'inverser le cours de la destruction. Des bûcherons réinventent leur métier, des forestiers promeuvent un usage doux de la forêt, des Zad luttent contre les machines. L'espoir est là, l'alternative est vivante, les humains et les arbres peuvent se réconcilier.
Né en 1990, Gaspard d'Allens est journaliste engagé, auteur de plusieurs enquêtes au long cours sur le monde agricole et l'écologie. Ses deux précédents livres, Les Néo-Paysans (coécrit avec Lucile Leclair, 2016) et Bure, la bataille du nucléaire (avec Andrea Fuori, 2017) ont tous deux été publiés dans la collection " Reporterre ".