Márcia est infirmière dans un hôpital à proximité de Rio et vit dans
une favela avec son petit ami Aluisio et sa fille, Jaqueline, qu'elle
a eue très jeune avec un autre homme. Jaqueline, jeune adulte frivole
et grande gueule, mène la vie dure à sa mère et à Aluisio et
fréquente assidûment les membres de l'un des gangs du quartier, ce
qui est la source de violentes altercations entre la mère et la
fille. Le petit ami de Jaqueline en vient même à menacer Márcia à
l'occasion d'un séjour à l'hôpital... La situation dégénère encore plus
le jour où Jaqueline se fait arrêter par la police pour complicité de
vols et recel de marchandises volées. Márcia et Aluisio, affolés, se
rendent compte que Jaqueline est impliquée dans des affaires avec des
criminels de haut vol et un groupe de policiers ripoux. Márcia
demande alors à Aluisio de surveiller Jaqueline, mais celui-ci risque
gros... "Écoute, jolie Márcia" est un nouveau roman graphique
trépidant, aux couleurs flamboyantes, par l'un des auteurs les plus
importants de la scène brésilienne contemporaine. Marcello
Quintanilha réalise un nouveau tour de force avec ce récit très
construit où les relations entre chacun des protagonistes se
dévoilent au fur et à mesure dans un suspense mené de main de maître.
"Il y a très longtemps, deux jumeaux héritiers du trône se
disputèrent une épée qui conférait à celui qui la possédait le
pouvoir de gouverner. La terrible bataille qu'ils se livrèrent
réveilla un puissant démon qui détruisit le Royaume. Et alors
qu'auparavant tous les habitants possédaient des pouvoirs magiques,
suite à l'attaque du démon, toute la magie se concentra en une seule
personne qui nous gouverne depuis lors : la Reine."Ania est la
princesse héritière du Royaume et elle ne croit pas à la légende,
bien qu'elle soit la propre fille de la Reine aux pouvoirs magiques.
Mais un jour elle découvre une épée dans des ruines... Serait-ce la
fameuse épée de la légende ? La Reine elle-même semble courroucée par
cette découverte et envoie Ania aux confins du Royaume....L'épée est
un conte de fantasy aux couleurs chatoyantes et aux multiples
rebondissements qui présente toutes les caractéristiques du genre :
démons, combats, magie, si ce n'est que la quasi totalité des
protagonistes sont des femmes et que l'héroïne, la princesse Ania au
caractère bien trempé, n'a aucunement l'intention de tomber dans les
filets d'un prince charmant.
asy Breezy est une virée rocambolesque dans une petit ville du nord-
est de la Chine, au milieu des années 1990. Un jeune collégien propre
sur lui, Yang Kuaikuai, se retrouve embarqué malgré lui dans une
histoire de vol de camionnette avec Li Yu, un voyou de son collège,
et L'Oncle Ya, un malfaiteur à la petite semaine. Au moment de
revendre le véhicule à un gang local, les compères se rendent compte
qu'une petite fille dormait à l'intérieur et qu'elle s'est fait
enlever par un véritable criminel. L'improbable trio va devoir
échapper au redoutable kidnappeur, prêt à tout pour récupérer la
petite Yun Duo, y compris supprimer ces trois empêcheurs de tourner
en rond.Premier roman graphique publié en France de la jeune et
talentueuse autrice chinoise Yi Yang, Easy Breezy est un ébouriffant
récit d'action mâtiné d'humour. Grande admiratrice du mangaka Taiyo
Matsumoto, Yi Yang crée une galerie de personnages hauts en couleurs
et hyper attachants, entraînés dans une aventure au rythme frénétique
souligné par un découpage d'un dynamisme explosif.
Nous sommes en 2001 et l'Argentine est plongée dans une grave crise
politique et économique. Rocío, une jeune fille de dix-neuf ans,
emménage dans l'ancienne maison de sa grand-mère Vilma, peu de temps
après les funérailles de cette dernière. Dans cet environnement
marqué par l'absence, Rocio se remémore la vie de Vilma, une histoire
teintée de tragédie qui commence dans les années 1920 en Italie. Les
parents de Vilma fuient le pays peu après sa naissance, au moment de
l'accession au pouvoir de Mussolini. Arrivés en Argentine sans le
sou, ils ne peuvent financer les études de Vilma. Celle-ci doit alors
quitter l'école, puis est mariée de force à un voisin après être
tombée enceinte et avoir été abandonnée par l'homme avec lequel elle
pensait faire sa vie. L'histoire de Vilma dans cette société
patriarcale sera une longue suite de désenchantements et de
sacrifices, qui la rendront progressivement acariâtre. Vilma
terminera sa vie seule, ayant coupé les ponts avec la plupart des
membres de sa famille, à l'exception de Rocio. La jeune fille, qui se
pose énormément de questions sur son avenir, va tenter de tirer des
leçons de cette tragédie familiale.Ambitieux, ample, fourmillant de
nombreuses trouvailles narratives et graphiques, Naphtaline est en
partie inspiré de l'histoire de la famille de Sole Otero. La
narration sur plusieurs époques, l'inventivité du découpage et de la
mise en scène, les jeux sur les couleurs, font de ce roman graphique
une jolie découverte et de Sole Otero une autrice promise à un bel
avenir.
Derf Backderf a passé son enfance à Richfield, petite ville de l'Ohio située non loin de Cleveland. En 1972, il entre au collège, où il fait la connaissance de Jeffrey Dahmer, un enfant solitaire au comportement un peu étrange. Les deux ados se lient d'amitié et font leur scolarité ensemble jusqu'à la fin du lycée. Jeffrey Dahmer deviendra par la suite l'un des pires serial killers de l'histoire des États-Unis. Son premier crime a lieu à l'été 1978, tout juste deux mois après la fin de leur année de terminale. Il sera suivi d'une série de seize meurtres commis entre 1987 et 1991. Arrêté en 1991, puis condamné à 957 ans de prison, Dahmer finira assassiné dans sa cellule en 1994. Mon Ami Dahmer est donc l'histoire de la jeunesse de ce tueur, à travers les yeux de l'un de ses camarades de classe. Précis et très documenté, le récit de Derf Backderf (journaliste de formation) décrit la personnalité décalée de Dahmer qui amuse les autres ados de cette banlieue déshumanisée typique de l'Amérique des années 1970. Dahmer enfant vit dans un monde à part, ses parent le délaissent, il est submergé par des pulsions morbides, fasciné par les animaux morts et mortifié par son attirance pour les hommes. Personnage fascinant, voire attachant car presque victime de son environnement, Dahmer vit une implacable descente aux enfers vers une folie irréversible.
Walk Me to the corner est le nouveau roman graphique d'Anneli
Furmark, l'une des voix les plus importantes de la bande dessinée
suédoise. Depuis son premier livre publié en 2002, elle raconte des
histoires centrées sur l'intime et sur ses personnages. Walk me to
the corner est - comme le disent les protagonistes de l'histoire -
une sorte de « Brokeback Mountain pour dames d'un certain âge ». Le
personnage principal du récit est Élise, la cinquantaine, mariée
depuis plus de 20 ans, dont les enfants ont grandi et ont déménagé.
Elle tombe soudainement éperdument amoureuse d'une femme du même âge,
Dagmar, également en couple, avec qui elle commence une relation.
Bien que leur passion soit mutuelle, aucune des deux femmes n'est
prête à quitter sa famille. Des complications surviennent lorsque le
mari d'Élise tombe amoureux d'une jeune étudiante et qu'il divorce,
tandis que Dagmar refuse de divorcer... A travers l'histoire de ces
deux femmes et les questionnements d'Élise, Walk me to the corner
explore avec délicatesse et empathie ce qu'implique de quitter la
sécurité d'une vie routinière à la cinquantaine pour se jeter dans
l'inconnu.
A 21 ans, J. B. se retrouve coincé de nouveau chez ses parents, dans un patelin du fin fond de l'Ohio. Il vient d'arrêter la fac et doit absolument trouver un travail pour ne plus avoir sa mère sur le dos en permanence. Suite à une annonce providentielle, il est engagé comme éboueur contractuel et est bientôt rejoint par Mike, un ancien copain de lycée. Ensemble, ils vont découvrir les joies du métier, se confronter aux habitants les plus dérangés de la ville, aux éboueurs de longue date, aux chiens errants et aux sacs poubelles mal fermés. Pendant une longue année, ils devront faire leur tournée quotidienne sous la pluie, la neige ou sous un soleil de plomb, persécutés en permanence par leur chef, l'infâme Will E.
Situé au début des années 1980, dans la banlieue d'Akron, une ville de la Rust Belt frappée par la crise économique, Punk Rock et mobile homes est une comédie déjantée dans le milieu de la musique punk. Le personnage principal, Otto Pizcok, dit « Le Baron », est en terminale et vit dans le parc de mobile-homes appartenant à son grand-oncle. Gros balèze féru du Seigneur des Anneaux à la personnalité un peu borderline, il est à la fois admiré et incompris de ses camarades de classe. Grand fan de musique punk, il fréquente assidûment The Bank, la principale salle de concerts punk d'Akron, alors appelée « The New Liverpool ». Grâce à son impressionnant aplomb, Otto parvient a se débarrasser de son image de nerd pour devenir le guide/roadie de sommités du Punk telles que Joe Strummer ou les Ramones. Il devient même chanteur, et parvient à ses fins avec la gent féminine, mais il finit par péter les plombs en plein concert et, comble de l'horreur, se retrouve seul à l'approche du bal de fin d'année.Avec ses personnages baroques, ses dialogues et situations rocambolesques, Punk Rock et mobile homes est à mourir de rire, tout en étant un véritable documentaire sur la scène punk des années 1980, telle que Backderf l'a lui-même connue dans sa jeunesse.
Dans un futur proche, la Terre est surpeuplée et ses ressources s'épuisent rapidement. La navette spatiale Dawn Aquila est développée afin de permettre à une petite équipe de lancer la colonisation d'une planète habitable dans un système planétaire proche. La navette transportera également un « portail » qui permettra de voyager instantanément de l'ancienne Terre jusqu'à ce nouvel Eden. Parallèlement à la mise en place de ce projet, Internet a connu de profonds bouleversements et est désormais accessible télépathiquement par les 2/3 de la population mondiale, grâce à un serveur central. Mais peu avant le début du récit, la population terrestre, horrifiée, apprend que ce « serveur » est en fait un enfant. Un projet alternatif de serveur électronique est alors développé à bord de la deuxième Station Spatiale Internationale où la navette Dawn Aquila est amarrée. Quelques mois après l'arrivée à bord de la station de l'un des scientifiques impliqués dans ce projet, Melody McCabe, des tests de fonctionnement du portail provoquent un accident et l'intrusion d'une créature inhumaine dans la station.
Un père et son fils arpentent un paysage brûlé et abandonné. Ils sont
en route vers la mer. Ou bien peut-être y sont-ils déjà allés ? Peut-
être ne cherchent-ils qu'à trouver le bonheur. Leur faudra-t-il
traverser l'enfer pour y parvenir ou tout ça n'est-il qu'un rêve ? Un
rêve sans fin ni commencement. Un rêve dans lequel un père et son
fils explorent non seulement un paysage déserté mais aussi leur
propre paysage intérieur, bardés de toutes leurs questions... des
questions le plus souvent sans paroles.Dans Le dernier sel noir,
Henrik Lange s'est inspiré de Pär Lagerkvist, célèbre écrivain
suédois Nobel de Littérature en 1951, et plus précisément de poèmes
tirés du recueil Pays du Soir et de nouvelles de Contes cruels.
Henrik Lange a ensuite versé le tout, et lui avec, dans le roman de
Cormac McCarthy, La route, pour finir par assaisonner la mixture
d'une pincée de théâtre de l'absurde et d'une goutte de La divine
comédie de Dante. Le résultat est l'histoire d'un cheminement vers la
lumière.
Salvador de Bahia, Brésil, de nos jours. Les chemins de quatre habitants de la ville vont se croiser au pied du Fort de Notre-Dame de Monte Serrat, à l'occasion d'un fait divers. Cajù, un dealer à la petite semaine en galère, monsieur Ney, militaire à la retraite complètement névrosé et Richard, policier réputé mais mari exécrable en passe de se faire quitter par sa femme, Keira, se retrouvent tous impliqués dans un incident d'apparence anodine, mais qui va vite dégénérer en une situation dramatique. Tungstène est un polar d'une maîtrise confondante. Dans ce petit bijou noir, véritable mécanique de précision, les histoires des principaux protagonistes sont inextricablement liées les unes aux autres. Confrontés à une crise, ils se retrouvent poussés dans leurs retranchements, sur le point d'atteindre le point de rupture (le tunsgtène étant le métal ayant le plus haut point de fusion). Empruntant à la fois aux codes narratifs et visuels du comics, de la bd franco belge et du manga, Marcello Quintanilha met en scène avec maestria ce récit alternant scènes d'actions débridées et questionnements intérieurs, avec en toile de fond la réalité du Brésil d'aujourd'hui.
Le personnage principal de cette série de strips est l'Anxiété, une
petite bulle rouge qui ressemble étrangement à un virus maintenant
bien connu et qui surgit au détour de chaque page pour stresser ses
victimes (nous), et provoquer insomnies, pensées culpabilisantes,
remords, peurs irrationnelles et tutti quanti. Tel un Jiminy Cricket
sous LSD, Anxiété est tout le temps là et pourrit la vie des gens à
coups de « Tu as une petite boule dans le cou, je vais chercher
l'ordi pour qu'on regarde sur Google ? », « Fallait-il vraiment
acheter ce gilet rouge ? » et de « Tu sais combien de calories il y
a, là-dedans ? »... Après "Fichtre !" et "J'adore mon chat (mais il
s'en fout complètement)", Alberto Montt revient avec un nouveau
recueil de dessins d'humour et de petites histoires et cette fois
comme fil rouge l'anxiété, ce mal universel. On retrouve avec bonheur
la verve et le talent de cet auteur chilien pour mettre le doigt là
où ça fait mal avec le sens de la concision et du rythme qui le
caractérisent. 160 pages d'angoisse humoristique !
Née en 1880 dans l'Alabama, la petite Helen Keller devient aveugle et sourde à l'âge de dix-neuf mois, probablement des suites d'une méningite. Elle devient alors incapable de communiquer avec son entourage, si ce n'est avec quelques gestes maladroits. Sa vie va être bouleversée à l'âge de six ans quand ses parents engagent Annie Sullivan comme gouvernante. Annie Sullivan, alors âgée de 20 ans, vient de finir ses études à l'Institut pour aveugles Perkins. Elle-même mal voyante, elle a appris à enseigner la langue des signes dans cette institution précurseur. Elle va prendre en charge l'éducation de Helen Keller, et au fil des mois elle va réussir non seulement à établir un contact avec l'enfant, mais à lui apprendre le langage des signes, puis l'écriture. Les deux femmes resteront amie à vie.Helen Keller deviendra une figure de la société américaine, écrivain féministe, elle mènera également un combat politique, sera membre du parti socialiste américain et créera une fondation. Complémentaire des livres ou films existant à propos d'Helen Keller, cette bande dessinée est centrée sur l'histoire de cette extraordinaire rencontre et sur les nombreux obstacles contre lesquels va buter Annie Sullivan dans une famille très conservatrice du Sud des États-Unis. Une incroyable leçon d'humanité, magnifiquement dessinée par Joseph Lambert.
G.H. Fretwell, un petit auteur de romans peu connus, vit dans une
petite ville anglaise, avec sa femme, Rebecca, qui ne lui prête pas
une grande attention. Son nouveau roman, Sans K, vient de sortir et
Fretwell se lance dans une tournée de rencontres en librairie pour en
faire la promotion. Plus ou moins bien accueilli dans les librairies
de son circuit, Fretwell ne réussit jamais à signer le moindre livre
et passe des journées à arpenter des ruelles pour trouver son chemin.
Délaissé par son éditeur qui a manifestement d'autres chats à
fouetter, il attend impatiemment la parution d'une recension de Sans
K dans la rubrique littéraire d'un grand quotidien, chronique qui ne
viendra jamais. Les ennuis de Fretwell commencent quand il est
interrogé par la police à propos d'une valise volée car son circuit
est étrangement similaire à celui du « Tueur à la valise », un tueur
en série qui sévit à ce moment là. Fretwell va progressivement
comprendre que la police le soupçonne... Le nouveau livre d'Andi
Watson, qui paraît en première exclusivité en France, est un petit
bijou d'humour noir au style graphique retro. On suit avec délice les
déboires de cet auteur confronté à une situation où tout lui échappe,
une histoire kafkaïenne, qui prend une tournure surréaliste au fur et
à mesure que les problèmes s'amoncellent sur le chemin de Fretwell.
Mana Neyestani est réfugié en France depuis 2011, après avoir dû
s'enfuir d'Iran à cause d'un dessin, des événements qu'il a décrits
dans son premier livre, "Une Métamorphose Iranienne" (çà et là/arte
éditions, 2012). Dans Trois Heures, il raconte comment sa condition
de réfugié lui pèse, condamné à ne pas pouvoir revenir dans son pays
où il risque la prison à vie, tout en ne se sentant pas encore chez
lui en France. Cette condition lui a été cruellement rappelée en
2017, au moment où il s'apprêtait à s'envoler pour le Canada pour
présenter son dernier roman graphique et rendre visite à son frère.
Bloqué à l'aéroport par la compagnie aérienne qui ne savait pas
comment traiter son titre de voyage de réfugié, Mana Neyestani s'est
heurté à un mur d'incompréhension. "Trois Heures" détaille cette
longue attente durant laquelle il ne peut que constater son
impuissance et le peu d'attention accordée aux personnes dans sa
position. C'est aussi l'occasion pour cet homme timide qui n'ose
jamais élever la voix ou défendre ses intérêts de se livrer à un
exercice d'introspection. Un récit poignant, parfois drôle et tout
le temps honnête, sur un homme forcé à l'exil mais dont le pays
d'accueil le traite encore trop souvent comme un intrus.
Octobre 2003. La vie de Jake Gallo est un enfer, il n'arrive pas à trouver de travail, son père vient de faire une crise cardiaque, Son frère Freddie est devenu une star du cinéma, mais le plus difficile à avaler, ce sont les frasques sentimentales de sa soeur May qui s'est mise en tête d'épouser... un humain. Car les Gallo, comme les autres poules et coqs du monde entier, sont subitement devenus conscients en 1979 au grand désarrois de l'espèce humaine. Suite au décès de son père, Jake va découvrir l'histoire de sa famille et de son père, Elmer, qui fait partie de la génération des coqs qui ont dû apprendre à cohabiter avec les hommes.Elmer est l'histoire d'une famille de gallinacés qui lutte pour survivre dans un environnement hostile. Un véritable drame familial dans un monde où toute une catégorie de la population est ostracisée par la classe dominante, et où tous vivent dans un état de défiance mutuelle. A la fois drôle et émouvant, Gerry Alanguilan, maîtrise de bout en bout avec une candeur enthousiasmante cette parabole maquillée en chronique délirante. Philippin, il a auto édité Elmer entre 2006 et 2008. Elmer est le premier roman graphique philippin a être traduit en France.
Brésil, années 1950, dans la Baie de Guanabara. (état de Rio de
Janeiro). Au bord de la plage, Hélcio - un jeune défenseur
prometteur de l'équipe de football du Canto do Rio de Niterói, et
Noël, l'un de ses plus fidèles amis, vendeur dans une échoppe de
boissons et atteint d'une impressionnante malformation physique -
aperçoivent au loin quelqu'un en train de pêcher à la dynamite. Ils
partent en barque dans l'intention de récupérer une partie des
poissons morts pour les revendre sur l'île de Paquetá, située non
loin de là. L'expédition va se transformer en dangereux périple et
les deux larrons se retrouveront embarqués dans une aventure qui va
mettre leur amitié à rude épreuve. Après avoir tenté sans succès de
revendre une partie de leur butin à des naturistes, les deux compères
devront affronter une énorme tempête, alors que Hélcio est attendu à
Niterói le soir même par toute son équipe pour la préparation d'un
match important qu'ils doivent jouer le lendemain. Librement inspiré
de la vie du père de Marcello Quintanilha, Hélcio Carneiro
Quintanilha, Les Lumières de Niterói est une nouvelle démonstration
de la virtuosité de Quintanilha devenu en quelques années l'un des
principaux auteurs de la bande dessinée brésilienne. Prenant de bout
en bout, le récit entraîne le lecteur dans un suspense haletant mais
est avant tout une formidable histoire d'amitié.
"Après Une Métamorphose Iranienne et le Petit Manuel du parfait réfugié politique, Mana Neyestani réalise un fascinant docu-fiction à propos d'un tueur en série qui a sévi dans l'est de l'Iran au début des années 2000. Basé sur des entretiens filmés par deux journalistes proches de Mana Neyestani, L'Araignée de Mashhad retranscrit le parcours de Said Hanaï, qui, au prétexte de se conformer à des prescriptions religieuses, assassina seize femmes prostituées ou droguées en quelques mois dans la ville sainte de Mashhad, située au nord-est du pays. Le tueur amenait toutes ses victimes chez lui avant de les étrangler, d'où l'appellation par les médias de « meurtres de l'araignée ».Alternant véritables interviews du tueur et passages fictionnels, Mana Neyestani dévoile aussi bien le point de vue du tueur, que celui de ses proches, de ses victimes, ou du juge en charge du dossier. Il met en lumière le poids d'une vision rigoriste de la religion dans cette ville, l'une des plus conservatrices du pays, où une partie de la population a manifesté en soutien au tueur après son arrestation. Combinant différents registres narratifs et graphiques en passant d'un protagoniste à l'autre, Mana Neyestani montre à travers ce fait divers une société malade, où ceux qui vivent en marge sont considérés comme des sous-humains, allant parfois jusqu'à justifier les pires extrémités."
"La Grâce", de l'autrice finlandaise Emmi Valve est un récit
saisissant sur la dépression. Dans ce récit autobiographique de 300
pages, Emmi Valve décrit l'expérience qu'elle a, depuis son enfance,
d'une forme particulière de dépression sévère parfois appelée
dépression existentielle. Les personnes qui en souffrent ressentent
un vide absolu dans leur existence et éprouvent de façon terriblement
exacerbée le sentiment que leur vie n'a aucun sens. Emmi Valve décrit
méthodiquement sa plongée dans l'horreur, la dégradation de son état
psychique alors qu'elle était jeune adulte et sa lente sortie de cet
enfer après en séjour en HP. C'est un récit brut, sans fard, raconté
avec beaucoup d'honnêteté, mais aussi avec du recul et sans auto
apitoiement, rythmé par des têtes de chapitres extraites des carnets
dans lesquels l'autrice couchait ses doutes et questionnements. Emmi
Valve montre également une belle maîtrise de la couleur - qui jouera
un rôle important dans sa bataille pour mener une vie « normale » -
et qu'elle utilise pour retranscrire les sensations, les ressentis et
très souvent l'angoisse et la noirceur. "La Grâce" est un livre
puissant et percutant, la terrible histoire d'une jeune femme dont la
vie a longtemps été un véritable cauchemar éveillé.
Avec Filmo Graphique, Edward Ross combine ses deux passions, le cinéma et la bande dessinée et nous fait (re)découvrir des pans entiers de l'histoire du cinéma.Edward Ross a fait des études de littérature et de cinéma avant de travailler pendant six ans au Festival International du Film d'Édimbourg, où il a vu des centaines de films. Dans son livre, il traverse toute l'histoire du cinéma, de sa création à la fin du XIXe siècle jusqu'à l'avènement de la 3D, à travers des analyses de films regroupés par grandes thématiques (la représentation du corps, le son, les décors, la voix, le temps...) et des citations de théoriciens du cinéma. Edward Ross a réalisé pour ce faire une sélection qui reflète son panthéon personnel, navigant des films grands publics les plus commerciaux à des longs-métrages beaucoup plus pointus, une sélection qui mélange les genres, les époques et les continents, de Star Wars à Hiroshima mon Amour en passant par Do the right thing.Au fil des pages, Edward Ross redessine des scènes iconiques du 7ème art, créant un impressionnant patchwork visuel et narratif constitué de plus de 300 films. Il compose ainsi une filmographie graphique, dans laquelle il se met en scène, à la fois scénariste, réalisateur et acteur.
Avec l'Ère de l'égoïsme, Darryl Cunningham se penche sur les relations entre la politique et l'économie, et plus précisément sur l'évolution des doctrines libérales et leur rôle dans le déclenchement de la crise de 2008, puis dans la montée des droites extrêmes en Europe. Cunningham brosse le portrait d'Ayn Rand, auteure très influente aux Etats-Unis, à l'origine de la doctrine de l'objectivisme, qui a influencé les libertariens et de très nombreux hommes politiques américains. Il décrit également les mécanismes en cause dans cette crise et les ravages qu'elle a causés, parallèlement à un nouvel essor des politiques libérales et à la montée de l'individualisme dans nos sociétés. Confrontant pensées conservatrices et progressistes, il questionne le culte de l'argent et de la réussite individuelle, et cette idéologie qui a érigé l'égoïsme en vertu cardinale.
Pourquoi le chiffre de 50 000 victimes revient-il aussi souvent dans les médias américains ? Les journalistes devraient-ils annoncer leurs intentions de vote ? Internet radicalise-t-il nos opinions ? Ce sont quelques-unes des questions soulevées par Brooke Gladstone, journaliste spécialiste des médias pour la radio publique américaine NPR. Avec l'aide du dessinateur de bande dessinée documentaire Josh Neufeld, elle retrace dans La Machine à influencer l'évolution des médias d'information et des pratiques journalistiques. Des premières dérives de l'information sous l'Empire romain jusqu'aux errements des médias américains au moment de l'entrée en guerre contre l'Irak, Brooke Gladstone s'interroge et livre une grande leçon de journalisme.
Après La Machine à Influencer, consacré aux médias, le dessinateur Josh Neufeld s'associe au journaliste Michael Keller pour un reportage sur le big data et les données personnelles. Les utilisateurs de réseaux sociaux, téléphones portables, et de nombreux sites internet sont désormais fichés et suivis à la trace par des entreprises privées qui amassent des quantités phénoménales d'informations personnelles. Facebook, Google, Apple et consorts peuvent ainsi établir des profils très détaillés pour anticiper les besoins des leurs utilisateurs et adapter leurs politiques commerciales en fonction des comportements de chacun, mais cela va aller encore plus loin...Josh Neufeld et Michael Keller ont interviewé des spécialistes du domaine ; politiques, universitaires et chercheurs, pour un tour d'horizon de ces pratiques qui soulèvent de nombreuses questions et notamment celle des risques liés à l'exploitation de ces données. Neufeld et Keller abordent le sujet à travers de nombreux exemples concrets et questionnent également le principe des notes données à des services et des personnes, principe qui s'étend progressivement à des pans entiers de la société moderne. Avec humour mais également avec rigueur Neufeld et Keller montrent comment des gestes apparemment anodins risquent d'avoir un impact très concret sur notre quotidien dans un très proche avenir...
Deux jeunes Mexicaines de province, toutes les deux nommées Susana,
emménagent dans le même appartement du 22 de la rue Acacia à Mexico,
à 50 années de distance. La Susana du présent démarre une carrière de
graphiste dans une agence de communication où elle subit les frasques
d'une boss tyrannique et se sent isolée. La Susana des années 1970
est dactylo dans un bureau mais rêve de devenir écrivaine et écrit
des manuscrits qui sont systématiquement refusés par les éditeurs. La
vie de la Susana des années 2020 est bouleversée quand elle trouve
une lettre qui lui est adressée, dissimulée dans un trou derrière le
chauffe eau de l'appartement. Dans cette lettre, l'ancienne Susana
raconte toute sa vie... "Acacia 22" est le portrait croisé de deux
femmes qui connaissent des vies similaires à un demi-siècle de
distance. L'expérience de la plus âgée des deux, dont les ambitions
seront toujours contrecarrées par la société de son époque,
bénéficiera à la plus jeune. "Acacia 22" est l'oeuvre d'un jeune
talent de la scène mexicaine, Edgar Camacho, qui montre une
impressionnante maîtrise de la narration à travers ce récit à cheval
sur deux époques, couplée à une inventivité débridée dans le
découpage et la mise en scène qui font de cette bande dessinée une
belle découverte.